Bouteflika remanie le gouvernement et lance des messages
Le président Bouteflika a procédé aujourd’hui (14 mai) à un remaniement gouvernemental qu’on peut trouver technique mais qui n’est pas dénué d’intérêt politique.
Longtemps dans l’air, le remaniement ministériel tombe au moment où on l’attendait le moins. Le président Bouteflika a pris de cours opinion publique et observateurs qui ont plutôt les yeux braqués sur les grosses affaires de corruption (Autoroute Est-Ouest et Khalifa) qui meublent l’actualité judiciaire et sur les échanges d’amabilité entre la passionaria du Parti des travailleurs Louisa Hanoune et la désormais ex-ministre de la culture, Nadia Labidi, et le patron du FCE, Ali Haddad.
Le chef de l’Etat a-t-il justement profité de ce moment d’inattention pour faire passer son remaniement ou plutôt a-t-il décidé d’un tel changement dans l’équipe gouvernementale pour faire oublier un tant soit peu les scandales de corruption qui ternissent son règne ? Les deux peut-être.
Ceci dit, si le présent lifting dans l’équipe dirigée par Abdelmalek Sellal n’a rien de révolutionnaire, il n’est pas toutefois dénué de tout intérêt politique. Le départ de Tayeb Belaïz – il ne serait plus dans les bonnes grâces du clan présidentiel – du très sensible ministère de l’Intérieur est très significatif.
A-t-il fait les frais de son désaccord avec un des piliers du clan présidentiel, le patron de la police algérienne Abdelaghani Hamel et pour les soupçons qui pesaient sur lui d’avoir rejoint le camp d’en face ? Probable.
Le départ de Youcef Yousfi du ministère de l’Energie est tout aussi important. Il n’est pas exclu qu’il ait été sanctionné pour sa gestion du dossier du gaz de schiste qui a longtemps occupé les devant de la scène politico-médiatique.
Autre fait remarquable : le maintien à son poste du général de corps d’armée Gaid Salah qui porte pourtant plusieurs casquettes (vice-ministre de la Défense et chef d’Etat major) ainsi que tous les ministres proches du frère du Président (Amar Ghoul, Amara Benyounes, Abdelmalek Boudiaf, Hamid Grine, etc.).
Ce qui n’et pas le cas de la ministre de la culture, Nadia Labidi et ses collègues des Ressources en eau et du Sport, ont été éjectés sans ménagement du gouvernement, histoire certainement de donner le change à une opinion publique scandalisée par l’étendue du phénomène de la corruption.
Une chose est sûre : par le présent remaniement, le président Bouteflika veut certainement lancer un message aussi bien à l’opposition et aux clans au pouvoir qu’aux chancelleries étrangères : il est le patron et garde toujours les manettes du pouvoir.
Yacine Ouchikh