« Le Maroc doit contribuer à l’émergence de l’Afrique »
Pour la 3ème fois en trois ans, le roi Mohammed VI effectue une tournée en Afrique Subsaharienne. A ses côtés au Sénégal, en Guinée Bissau, en Côte d’Ivoire et au Gabon, Lahcen Haddad, ministre du Tourisme marocain, nous a accordés une interview. L’occasion de parler des enjeux de cette tournée et du rôle de locomotive joué par le Maroc sur le continent.
LCDL : Quels sont les objectifs de cette nouvelle tournée africaine pour le roi Mohammed VI, sa 3è en trois ans en Afrique Subsaharienne ?
Lahcen Haddad : Cette tournée royale démontre l’importance qu’accorde le Maroc au continent africain. Elle vise à capitaliser sur les acquis de notre pays et des pays africains pour mettre en œuvre une stratégie en phase avec les perspectives de croissance prometteuses du continent africain.
Il faut également anticiper pour essayer d’adopter une démarche qui permette l’intégration régionale. Sans l’intégration régionale nos pays ne peuvent pas être compétitifs au niveau international.
Il y a une action renouvelée de la coopération solidaire avec ces pays africains, l’importance du partenariat sud-sud ?
La relation du Maroc vise à contribuer à l’amélioration des conditions de vie des peuples africains. Il y a des plans qui existent dans tout ces pays là. Il y a un côté social, toute la question autour de la pauvreté, de l’exclusion sociale…
L’autre aspect c’est que l’Afrique occupe une place importante dans l’échiquier mondial, elle émerge comme l’un des moteurs de l’économie mondiale, la croissance sera africaine durant des années si ce n’est pas des décennies. Le Maroc est un leader régional et il doit se positionner dans ce sens, il doit contribuer à l’émergence de l’Afrique.
A Dakar (Sénégal) un quai de pêche va être entièrement financé par le Royaume, dans quel intérêt ?
Il s’agit d’un transfert d’expertises, nous importons notre savoir-faire. Mais il y a également l’intérêt du bien être des populations africaines. Le Maroc n’est pas juste un investisseur qui veut gagner de l’argent mais c’est aussi un pays qui veut contribuer au bien être des populations. La philosophie de sa Majesté c’est qu’on ne peut pas juste faire de l’investissement économique, il faut également investir dans le capital humain.
Au niveau touristique, pourrait-on voir se développer un tourisme africain de masse dans les prochaines années ?
Oui. Aujourd’hui le marché sénégalais est un marché important pour le Maroc. Nous sommes à 40 000 Sénégalais mais nous avons la possibilité d’aller jusqu’à 100 000. Au niveau continental nous avons pour ambition de réussir à attirer 300 000 touristes/an qui viendraient au Maroc pour le shopping, le tourisme religieux, les activités…
Il faut également faire de la communication pour attirer des Marocains et des Marocaines à se tourner vers les destinations touristiques du continent. On peut imaginer dans ce sens-là qu’il y ait un boom de l’activité touristique au niveau de l’Afrique mais il y a des préalables.
Il faut une bonne infrastructure, développer la connectivité, la Royal Air Maroc joue d’ailleurs un rôle important, elle vient de signer des conventions avec le Sénégal pour promouvoir la destination, il faut les faire connaître.
L’autre grand défi c’est de trouver les investisseurs pour financer les projets car je crois que le tourisme est l’un des leviers de la croissance économique de l’Afrique.
Propos recueillis par Jonathan Ardines