Le maire FN de Mantes-la-Ville préfère construire un poste de police qu’une mosquée
Pour ceux qui disent encore que le Front national est un parti comme les autres, bienvenu à Mantes-la-Ville (78). Son maire, Cyril Nauth a décidé de préempter un local pour y installer la police municipale à la place du projet de salle de prière porté par une association de musulmans, a-t-il annoncé ce vendredi 19 juin.
C'est oublié que l'Association des musulmans de Mantes-Sud (AMMS) a déjà déboursé 600 000 euros pour la future salle de prière, un projet soutenu par l'ex-maire socialiste mais combattu par son successeur depuis les municipales de 2014. L'AMMS dénonce une tentative « de dernière minute » pour faire capoter le projet. « C'est un abus de pouvoir manifeste », « une attitude purement raciste et islamophobe », selon son président Abdelaziz El Jaouhari, qui va saisir la justice administrative.
« Notre projet est sérieux, solide et concret », inspiré par « l'intérêt général », défend le maire de Mantes-la-Ville, « ce qui n'est pas le cas d'un lieu de culte musulman ». Pour lui, il s'agit juste « de renforcer la police municipale », une de ses promesses électorales. La police municipale, qui compte dix agents et employés – et que le maire veut porter à 13 -, est actuellement logée dans un pavillon de 90 m2. Si le projet du maire aboutissait, le poste serait installé dans l'ex-trésorerie d'une surface de 300 m2, auxquels s'ajoutent 175 m2 de sous-sols pour les archives municipales.
Le seul maire d'Ile-de-France issu du Front national a présenté son projet aux élus lundi en commission des finances et jeudi en commission de l'urbanisme. Il doit être soumis au vote du conseil municipal du 29 juin. Le coût s'élèverait à 660 000 euros pour l'achat du local – l'ex-trésorerie municipale dans le quartier des Merisiers – et 100 000 euros de travaux.
Depuis plus d'un an, le dossier de la mosquée est au coeur d'un bras de fer entre l'AMMS et le maire. Fin 2013, la municipalité PS avait décidé pourtant de racheter ce local à la communauté d'agglomération de Mantes-en-Yvelines (Camy) pour le revendre à l'association. Mais son successeur, Cyril Nauth, avait gelé la promesse de vente en mai 2014, invoquant bizarrement des problèmes de stationnement et circulation ainsi que « l'hostilité des riverains », et dénonçant une opération « politicienne et électoraliste ».
(Avec AFP
Nadir Dendoune