Migrants : David Cameron annonce de nouvelles mesures dans l’urgence

 Migrants : David Cameron annonce de nouvelles mesures dans l’urgence

Le premier ministre britannique veut dissuader les migrants de tenter d’immigrer au Royaume-Uni. Oli Scarff/AFP


Pour contenter son aile droite, le gouvernement britannique a proposé lundi de nouvelles mesures pour contrôler l'afflux de migrants clandestins à l'entrée du tunnel sous la Manche et leurs tentatives de passer en Grande-Bretagne. Une fermeté qui n’est pas sans susciter la gêne, voire l’indignation d’une partie des Britanniques.


 


Renforcement de la surveillance à la frontière


« Je pense que nous sommes en train de prendre le contrôle de la situation. Nous avons constaté un pic la semaine dernière, mais depuis le nombre de migrants a baissé », a déclaré le ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond, à l'issue d'une réunion du comité d'urgence Cobra de son gouvernement.


« Nous avons pris un certain nombre de mesures en coopération avec les autorités françaises et Eurotunnel, qui ont déjà des conséquences, et dont les effets seront redoublés dans un ou deux jours », a assuré le ministre. Depuis lundi, les garde-frontières anglais opèrent dans la salle de commandes du tunnel sous la Manche. Une centaine de gardes supplémentaires devraient également être déployés au terminal de Calais.


 


Délit de solidarité


Anxieux de montrer de la fermeté dans ce dossier, le gouvernement britannique a également proposé que les propriétaires qui ne vérifieraient pas la situation légale de leurs locataires encourent jusqu’à cinq ans de prison. Cette mesure sera introduite dans le nouveau projet de loi sur l'immigration que compte présenter le gouvernement à l'automne au Parlement, a annoncé lundi Greg Clark, secrétaire d'État aux Communautés et affaires locales.


Ce projet de loi prévoyait jusque-là des amendes pour les propriétaires. Il y est aussi question de saisir les salaires des travailleurs clandestins, dans un pays où le sujet de l'immigration est l'une des principales préoccupations.


 


Déshumanisation des migrants


La fermeté et la rhétorique du gouvernement conservateur britannique de David Cameron suscitent toutefois quelques critiques. L’opposition et la presse anglaise ont dénoncé l’utilisation du mot « essaim » (swarm en anglais) pour décrire les groupes de migrants tentant de s’infiltrer en Grande-Bretagne par le tunnel sous la Manche.


Sur Twitter, le vétéran de la Royal Air Force durant la Seconde Guerre mondiale, Harry Leslie Smith, s’est indigné de la façon dont est traitée la question des migrants. « Tristement, cette crise des ?‎migrantsest accueillie de la même manière que pendant les années 30 les réfugiés juifs aux portes du Royaume-Uni, dans ma jeunesse : avec de la haine et du racisme, » a écrit celui qui a milité toute sa vie contre la pauvreté.


Par ces mesures, Londres espère rendre le pays moins attractif pour les migrants. Or, ceux-ci ne « sont pour la plupart pas informés de la facilité à trouver un emploi non déclaré », a estimé sur France24 Marie Martin, responsable du programme Migration au REMDH. Venant de pays qui ont été colonisés par l’Angleterre ou sous influence britannique (Pakistan, Kenya, Soudan, Irak, etc.), ces personnes ont pour objectif le Royaume-Uni « parce qu’ils sont majoritairement anglophones et qu’ils y ont souvent déjà des proches ou des contacts », ajoute-t-elle.


Rached Cherif