En difficulté, la présidence appelle l’UGTT et l’UTICA à la rescousse

 En difficulté, la présidence appelle l’UGTT et l’UTICA à la rescousse


Le projet de loi dit de réconciliation économique, porté par la présidence de la République, a touché à l’essence même de la révolution tunisienne, son ADN, en cherchant à restaurer un système corrompu sans passer par la case Vérité. Depuis sa révélation au grand public, le projet a eu entre autres effets de mobiliser les défenses immunitaires d’une société civile et d’un pluralisme politique issus de la révolution de la dignité. Auteur d’une initiative politiquement mal calculée, conscient désormais que le vent tourne, le président de la République a invité mardi 18 août les chefs des centrales syndicale et patronale afin de recourir une fois de plus au « consensus ». Est-ce le bon joker ?    




 


Une opération com’ contrainte et empruntée  


Mise en scène tapageuse, flou artistique à profusion, le service communication de la présidence de la République n’a pas lésiné sur les moyens pour filmer les quelques phrases prononcées par Béji Caïd Essebsi à l’adresse de ses hôtes quant à eux plutôt silencieux.


« L’UGTT fait partie intégrante de l’Etat », a lancé le président, sans sourciller. La phrase fait déjà rire jaune sur les réseaux sociaux, où la campagne "Je ne pardonnerai pas" bat son plein. D’aucuns notent à juste titre que le syndicat historique tunisien ne saurait faire partie de l’Etat, un contre-sens, mais plutôt de la société, quand bien même l’UGTT est étroitement liée à l’Histoire et à l’identité post indépendance du pays. De là à l’intégrer à l’appareil de l’Etat, c’est nier son rôle de vis-à-vis syndical et contestataire.


« En tant que président, j’ai le droit de proposer des projets législatifs, même si certains ne plaisent pas à tout le monde. Cependant nous espérons arriver à une solution consensuelle après concertation avec tous les partenaires », allusion évidente au très controversé projet de loi de réconciliation économique, autour duquel Essebsi espère manifestement réactiver la vieille recette du dialogue national de 2013-2014 qui avait fini par le porter au pouvoir.


 


Vers une crise de régime ?


Cette fois, l’enjeu consiste à ne pas perdre la face, d’autant que Nidaa Tounes n’est plus assuré du soutien inconditionnel d’Ennahdha sur cette question éthiquement problématique pour le parti islamique toujours absorbé par « l’étude approfondie du texte de loi ». La présidence a annoncé les résultats des pourparlers avec ce nouveau quartet +1 pour le 7 septembre prochain. Un retrait de la loi serait synonyme de crise politique et de fragilisation du pouvoir au sommet d’un exécutif qui a probablement péché par excès de confiance.  


 


Seif Soudani