La France va accueillir 24 000 réfugiés et l’Allemagne plus de 31 000
La Commission européenne va proposer à l'Allemagne et à la France d'accueillir respectivement 31 443 et 24 031 réfugiés pour soulager les trois pays européens en première ligne face à l'accélération de la crise migratoire — Italie, Grèce et Hongrie —, a indiqué lundi une source européenne. Un chiffre déjà confirmé du côté français par le président de la République lors de sa conférence de presse de lundi.
Répartir 120 000 réfugiés en Europe
La Commission et son chef Jean-Claude Juncker vont proposer mercredi devant le Parlement européen de répartir 120 000 réfugiés sur les deux prochaines années pour faire face à l'afflux massif de migrants. Cette proposition va s'ajouter à la réinstallation de 40 000 migrants annoncée en mai, qui ne concernait que l'Italie et la Grèce.
L'Allemagne (26,2 %), la France (20 %) devraient accueillir la plus grande proportion de réfugiés, selon cette nouvelle proposition. L'Espagne, dont l’économie est pourtant exsangue, devrait en accueillir 12,4 %, soit 14 931 réfugiés. Dans le détail, la France devrait accueillir environ 10 000 réfugiés débarqués sur les côtes grecques, 10 800 arrivés en Hongrie et 3 100 arrivés en Italie. Concernant l'Allemagne, quelque 13 200 réfugiés arrivés en Grèce devraient être accueillis, 14 100 de Hongrie et plus de 4 000 arrivés en Italie, selon la source européenne.
« 3 000 naufragés qui ont trouvé la mort au bout de leur chemin »
La France va accueillir « 24 000 réfugiés » sur les deux prochaines années, a précisé M. Hollande. « Nous le ferons ». « C'est une crise », elle est « dramatique, elle est grave », mais « elle peut être maîtrisée et elle le sera », a ajouté le chef de l'État français.
Évoquant le souvenir du petit Aylan, « enfant martyr, symbole des 3 000 naufragés qui ont trouvé la mort au bout de leur chemin depuis le début de l'année », il a souligné la nécessité de « faire des choix » qui « compteront le moment venu pour le jugement de l'Histoire ». « C'est le devoir de la France, où le droit d'asile fait partie intégrante de son âme, de sa chair », une France « marquée par des générations d'exilés ou de réfugiés qui sont venus au cours des décennies passées faire France avec nous », a-t-il ajouté.
Risque d’implosion de l’Europe
« Face à ces drames, face à cette situation, j'ai proposé avec la chancelière Angela Merkel un mécanisme permanent et obligatoire d'accueil des réfugiés pour répartir l'effort entre tous les pays européens », a expliqué M. Hollande, en soulignant que « le mot important, c'est obligatoire, parce que c'est ce qui fait la différence avec ce qui s'est fait, ou plutôt avec ce qui ne s'est pas fait ces derniers mois ».
François Hollande a estimé lundi à 60 000 le nombre de demandeurs d'asile en France en 2015, un « chiffre pratiquement stable », tout en ajoutant que le pays ne pourrait pas rester dans cette situation quand l'Allemagne voisine comptera « 800 000 » migrants. Sans politique d'ensemble, le mécanisme « obligatoire et permanent » de répartition des réfugiés entre pays européens proposé par la France et l'Allemagne « explosera » et ce sera sans doute « la fin de Schengen », a estimé François Hollande.
Rached Cherif
(Avec AFP)