« Les habitants de Gaza méritent de pouvoir reconstruire leurs vies »
Adel Kaddum, chef de mission du Secours Islamique France a réussi à quitter Gaza pour venir à Paris quelques jours. A cette occasion, il a accordé une interview au Courrier de l’Atlas, revenant, un an après le cessez-le-feu, sur la situation et les conditions sur place.
LCDA : Un an après le cessez-le-feu, quelle est la situation dans la bande de Gaza ?
Adel Kaddum : 100 000 personnes sont toujours déplacées à l'intérieur de Gaza. Certains vivent dans des caravanes, d'autres dans des logements surpeuplés avec des familles d'accueil, car sur les 12 000 maisons détruites, aucune n’a été totalement reconstruite. 36 % de la population est au chômage et 45 % en situation d’insécurité alimentaire. La population ne peut avoir accès à l’électricité que 4 à 8 heures par jour et 95 % de l'eau est contaminé. Depuis 8 ans, Gaza souffre de la restriction de circulation des personnes et des marchandises en raison du blocus. Les hôpitaux souffrent également de la pénurie de médicaments, et de nombreuses écoles restent encore à reconstruire. Les pêcheurs ne sont autorisés à pêcher que dans une zone très restreinte (3 miles), ce qui ne leur permet pas de gagner leur vie convenablement.
Quel rôle joue le Secours Islamique sur place ?
Le Secours Islamique France (SIF) a ouvert son bureau à Gaza en 2008 et a fourni depuis lors plusieurs types d’aides humanitaires, et ce, particulièrement pendant et après l'opération militaire opérée à Gaza l'année dernière où 500 000 personnes ont été déplacées dans les abris d’urgence de l'UNRWA. 2 140 personnes ont perdu la vie dont parmi eux, plus de 500 enfants et 250 femmes. 160 000 maisons ont été partiellement, modérément ou totalement détruites.
Comment fait la population pour vivre avec le maintien du blocus ?
Le blocus est encore en place et détruit tout espoir pour les habitants de Gaza. Ce blocus a provoqué la détérioration de la situation humanitaire à Gaza et l'augmentation du coût des travaux et des activités humanitaires.
La politique israélienne a-t-elle évolué ? Les tirs militaires sur la bande de Gaza sont-ils toujours aussi fréquents ?
Gaza, ainsi que les agences humanitaires sont sous pression. Nous sommes très préoccupés et inquiets en raison de la violation continue du Droit International humanitaire (DIH ) et des Droits de l’homme.
Qu'attendez-vous de la communauté internationale ?
Nous craignons que Gaza soit oubliée à la vue d’autres urgences humanitaires qui se déroulent actuellement dans le monde. Le SIF et d'autres ONG internationales ont lancé une pétition, le 26 août dernier, aux décideurs politiques, en les invitant à tenir leurs engagements pour éliminer le blocus et reconstruire Gaza (lien vers la pétition : http://bit.ly/1JtMesD). Les habitants de Gaza ont besoin et méritent d’avoir la possibilité de reconstruire non seulement leurs maisons, mais aussi leurs vies et offrir un meilleur avenir à leurs enfants.
Propos recueillis par Jonathan Ardines