Abdessamad Benkelfate : « Nous sommes face au mur »
L’auteur précise qu’il n’est qu’« un simple citoyen algérien » et que son livre n’est qu’« une modeste contribution » intitulée « Pour l’Algérie de demain, le présent est notre avenir », paru aux éditions Riveneuve. Avec cet ouvrage, Abdessamad Benkelfate a décidé de « se mettre au service de l’idée du changement et de toutes les transitions ». Interview.
LCDA : La situation économique de l’Algérie est mauvaise, vous l’évoquez dans votre livre. La banque d’Algérie a publié une note cet été concernant les recettes issues du pétrole et du gaz qui ont chuté de 50% au premier trimestre 2015 par rapport à 2014. A quel point cette baisse est grave pour l’économie algérienne ?
AB : Que peut-on attendre d’une économie basée à 97% sur la rente pétrolière ? Sans être un expert en économie, je reste attentif aux alertes des institutions comme la banque d’Algérie et aux nombreux observateurs algériens perspicaces dans l’évaluation de la situation économique du pays.
Nous sommes face au mur. La rente n’étant plus la manne habituelle de la richesse, il devient clair que nous devons créer une autre source de richesse, celle de la production, de toutes les productions, agricoles, industrielles, et surtout, celle du savoir et de la connaissance. Donc du sens à l’université, aux grandes écoles, à l’école tout court pour qu’elle forme les citoyens de demain.
Le Président Abdelaziz Bouteflika étant malade, cette vacance de pouvoir a-t-elle trop duré, selon vous ? Ce sujet est-il tabou pour le peuple algérien ?
La vacance du pouvoir n’est plus un tabou. Ecoutez ce qui se dit partout dans la rue et les cafés et vous entendrez que cette situation, à défaut d’être tenable ou préoccupante, devient une grave crise. La crise est protéiforme. Il y a tant d’apprentis sorciers, malheureusement.
Pour éviter des mauvais scénarios, une transition s’impose. Cette transition devra être apaisée. Elle demandera néanmoins de l’âpreté pour unir toutes les forces du pays, les forces patriotiques et de bonnes volontés. Et cela, dans le respect des lois de la république. Malgré tous les maux et problèmes que j’ai cités dans mon livre, ainsi que les efforts du « système » pour annihiler le patriotisme, j’aime mon pays et je continuerais à l’aimer jusqu’à mon dernier souffle.
Propos recueillis par Chloé Juhel