Faute de solidarité, l’Europe face à l’impasse
La tension est retombée à la frontière serbo-hongroise après les affrontements entre migrants et policiers hongrois. Malgré l’annonce de la fermeture du poste frontière, ils sont encore des centaines à affluer pour tenter d’entrer en Hongrie, pays membre de l’UE. Dans le même temps, l’Union ne parvient pas à s’entendre sur une répartition des demandeurs d’asile, menaçant l’espace Schengen d’implosion.
L’ONU critique la politique xénophobe de la Hongrie
Les affrontements de mercredi entre policiers hongrois et migrants excédés ont fait 14 blessés parmi les policiers, selon les autorités. Des migrants, dont une partie a réussi à forcer le passage, ont aussi fait état de blessés dans leurs rangs. Le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, s'est indigné des actions « choquantes » des autorités hongroises, dénonçant une politique marquée selon lui par la « xénophobie » et l'« hostilité aux musulmans ».
Après la frontière serbe, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a annoncé qu'il envisageait maintenant de faire construire des barrières aux frontières avec la Roumanie et la Croatie. L'Union européenne « est née pour abattre les murs, pas pour les construire » a réagi le chef du gouvernement italien Matteo Renzi.
Nouveau sommet pour répartir les réfugiés
Un nouveau sommet de l'UE aura lieu le 23 septembre à Bruxelles, au lendemain d'une rencontre des ministres de l'Intérieur, a annoncé jeudi le président du Conseil européen, Donald Tusk. Lors de la réunion d’urgence du 14 septembre, les États membres avaient échoué à parvenir à un accord sur la répartition de 120 000 réfugiés.
Le président français, François Hollande, a mis en garde contre les « dangers » qui menaceraient l'espace Schengen si un accord n'était pas trouvé sur l'accueil des réfugiés. Selon lui, « on serait alors obligé de rétablir des postes de douane, de contrôle, également dans les moyens de transport ». Il a également estimé que le sommet de l'UE devait aider la Turquie à garder les réfugiés sur son sol.
400 000 à 500 000 personnes entrées en UE
Mais certains pays, notamment ceux de l'Est comme la Slovaquie et la Hongrie, continuent de s'opposer fermement à tout quota imposé de migrants. En réaction, une centaine d'hommes politiques et intellectuels d'Europe centrale ont signé une lettre ouverte pour appeler « les autorités et les citoyens » de leurs pays à la solidarité avec les migrants.
Destination rêvée par la plupart des candidats à l'exil, l'Allemagne a enregistré 9 100 arrivées sur son territoire mercredi, contre 6 000 la veille, preuve que le flux est loin d'être stoppé. Le Danemark, longtemps hostile, a annoncé qu'il acceptait finalement d'accueillir, sur la base du volontariat, 1 000 des 120 000 réfugiés que l'UE veut répartir pour soulager les pays où ils se concentrent. Le Portugal s'est dit prêt à accueillir « au moins 2 000 réfugiés » supplémentaires, ce qui porterait leur nombre à 3 500 environ.
400 000 à 500 000 personnes fuyant la guerre ou la misère – soit moins de 0,01 % de la population européenne –, et venant principalement du Moyen-Orient et d'Afrique, sont déjà arrivées dans l'UE cette année, après de longs et périlleux voyages. Des millions d’autres sont accueillis depuis 2011 dans les pays voisins de la Syrie et de l’Irak, essentiellement la Turquie, le Liban, la Jordanie et l’Égypte. Près de 3000 d’entre eux ont perdu la vie en tentant de traverser la Méditerranée.
Rached Cherif