La Tunisie participera à la coalition internationale contre l’Etat islamique
« Dans la mesure de ses moyens »… C’est en ces termes que la Tunisie a annoncé, mardi soir 29 septembre, son adhésion à la coalition internationale contre « Daech ». L'annonce a été faite à la tribune de la 70ème Assemblée générale des Nations unies à New York, dans une déclaration du président de la République Beji Caid Essebsi prononcée en son nom par le chef du gouvernement Habib Essid.
« Actuellement la Tunisie examine les domaines de sa contribution dans la coalition internationale. Nous veillerons à participer activement, dans la mesure des moyens disponibles, dans certains domaines », écrit donc le président de la République dans sa déclaration, ajoutant que « la Tunisie accepte d'être un pays leader dans l'initiative portant sur le mécanisme international d'édification des potentialités dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent », a soutenu Essebsi, sans plus de précisions.
Concrètement, le pays s’engage à apporter une contribution dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations du groupe des sept, quoique le statut d'allié majeur non-membre de l'OTAN, obtenu récemment, l’incite de facto à œuvrer en ce sens.
Un appel a été par ailleurs adressé à la communauté internationale pour « renforcer les services sécuritaires et militaires des pays engagés dans la guerre contre le terrorisme et pour intensifier la coordination et l'échange des renseignements, des expertises et des expériences entre tous les pays ». Si l’on omet une certaine langue de bois, il s'agit de renforcer la coopération en matière de renseignement et d’échange de données spécialement dans les domaines de la sécurité frontalière, la justice et la lutte contre le blanchiment d'argent et différents autres domaines liés aux activités de recherche des terroristes.
Cependant, sur le plan national, la Tunisie œuvre encore actuellement, en coordination avec la Commission de lutte contre le terrorisme relevant du conseil de sécurité, à la finalisation d'une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme « fondée sur la prévention, la protection, l'observation et la riposte ». Théoriquement du moins, cette stratégie engloberait « des dimensions sécuritaires, sociales, économiques, intellectuelles, culturelles, médiatiques, éducatives et religieuses » permettant de prévenir et de lutter contre le terrorisme.
Mais un intérêt particulier sera accordé à la question des combattants étrangers à travers l'interdiction de voyager pour certaines catégories douteuses vers les zones de conflits et la surveillance des combattants qui sont de retour en Tunisie, a encore indiqué Essebsi, même si la récente interdiction de voyager concernant les moins de 35 ans a été vivement dénoncée par Human Rights Watch.
Au programme à l’échelle nationale également, l'adoption récente d'une nouvelle loi de lutte contre le terrorisme et le blanchiment d'argent, la mise en place d'un pôle judiciaire et un autre sécuritaire ainsi que la création d'une agence de renseignement sécuritaire et militaire, après que la police politique ait été partiellement démantelée suite aux évènements de la révolution de 2011.
Reste à espérer que les dimensions culturelle et intellectuelle de cet effort ne se résumeront pas, comme c’est trop souvent le cas, à la réception des mêmes élites au Palais de Carthage. Des élites souvent soupçonnées à juste titre d’être éradicatrices à l’égard de l’islam politique, voire de la démocratie dans son ensemble, à l’image de certaines figures qui multiplient les prises de position pro dictatures arabes.
S.S