Élections : Le FN espère l’emporter dans 5 régions
Une, deux, voire « quatre à cinq » ? Le FN espère pour la première fois remporter en décembre une région, grâce notamment à sa présidente Marine Le Pen en Nord-Pas de Calais-Picardie, qui veut en faire une rampe de lancement pour 2017. Une percée de l’extrême droite qui plonge les mouvements républicains dans la confusion.
Un discours optimiste
Mme Le Pen et son bras droit Florian Philippot visent haut pour décembre : « quatre à cinq » régions sont gagnables, répètent-ils régulièrement : Nord-Pas de Calais-Picardie (NPDCP), PACA, mais aussi Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne, Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées et Franche-Comté-Bourgogne. Les frontistes citent à l’appui de leur pronostic leurs bons scores aux dernières européennes et départementales : de 34 à 36 % en NPDCP, plus de 33 % en PACA, mais aussi près de 30 % dans le Grand Est, et 26 à 27 % dans les deux autres.
Peut-on pour autant dire que ces régions sont « gagnables » ? « On ne peut pas dire qu'on va en gagner aucune, c'est démotivant. Il y en a réellement une gagnable, le Nord-Pas de Calais-Picardie. En PACA, c'est jouable », concède un haut dirigeant du parti. Un discours qui vise surtout à « créer une dynamique autour de la campagne électorale », note Yves-Marie Cann, directeur des études politiques d'Elabe, mais qui est d’un « très grand optimisme », modère le chercheur Joël Gombin.
Selon toute vraisemblance, la patronne de l’extrême droite française devrait réussir son pari de virer en tête au soir du premier tour. Mais, demeure l'inconnue de l'entre-deux tours. Quelle sera l'attitude des listes de gauche, données troisièmes dans les sondages sur les deux principales régions menacées par le FN, le NPDCP et la PACA ? Cependant, l'union de la gauche, à laquelle appellent les socialistes et quelques figures dissidentes d'Europe Ecologie-Les Verts mais rejetée par les autres forces, pourrait ne pas être suffisante, même au second tour.
Maintien, retrait ou fusion ?
Restent trois options, nourrissant un mal de tête à gauche qui réjouit le FN : le maintien, au risque de bloquer à gauche des voix qui en allant sur la droite auraient empêché le FN de triompher ; le désistement, au risque de se retrouver sans conseillers régionaux pendant six ans ; la fusion avec la liste de droite, ce qui nourrirait le refrain préféré des frontistes, celui de « l'UMPS ».
Reste qu’il semble compliqué pour le PS, qui détient la majorité toutes les régions où le FN a une chance, d’avoir une position unanime sur la conduite à tenir entre les deux tours. La maire de Paris Anne Hidalgo a appelé à se retirer « en cas de risque FN », au contraire du patron des socialistes Jean-Christophe Cambadélis, pour qui les positions « extrémistes » des Républicains « empêchent désormais le Front républicain ». Manuel Valls a lui assuré que « tout serait fait pour empêcher le FN de gagner ». Cela signifie-t-il donc un désistement ou une fusion ?
À droite, les positions ne sont pas plus simples : Xavier Bertrand garantit qu'il aura « la même liste et le même projet » aux deux tours, quand Jean-René Lecerf, président du conseil départemental du Nord, plaide pour un « gouvernement d'union régionale » droite-gauche.
Le retrait des listes de gauche, données perdantes au premier tour, serait efficace à court terme. "Avec des figures aussi marquantes que Marine Le Pen ou Marion Maréchal-Le Pen" en guise de repoussoir des électeurs de gauche, "c'est à peu près certain que le FN ne pourrait pas l'emporter". Mais ce pari de court terme peut causer des dommages à plus long terme : « le FN peut faire fructifier cela pour la présidentielle », note Yves-Marie Cann. L'historien Nicolas Lebourg ne croit lui pas du tout à un désistement ou à une fusion, qui offrirait « un argument de campagne extraordinaire » à Marine Le Pen.
Rached Cherif
(Avec AFP)