Le 94 s’engage contre le contrôle au faciès
Les Jeunes Communistes du Val-de-Marne organisaient, ce vendredi 9 octobre, une conférence de presse pour présenter leur campagne contre le contrôle au faciès. Présente, Laurence Cohen, sénatrice PC du département, s’apprête à interpeller le ministre de l’Intérieur sur l’engagement de campagne du président.
« On en est à un stade où sous principe de ne pas avoir le bon faciès ou la bonne tenue vestimentaire, des personnes sont contrôlés 8 à 10 fois plus qu’autres ». Jalys Chibout, candidat aux élections régionales et porte-parole de la campagne contre le contrôle au faciès dans le Val-de-Marne donne le ton.
Après six mois de campagne, plus de 2000 pétitions signées, une dizaine d’initiatives publiques et une centaine de jeunes rencontrés sur le territoire, les Jeunes Communistes du 94 tenaient une conférence de presse ce vendredi à Ivry-sur-Seine pour faire un premier bilan.
Dix ans après la mort de Zyed et Bouna et quelques mois après les attentats de janvier, « la stigmatisation n’a jamais été aussi forte ».
Bien décidés à lutter contre les discriminations et à se réapproprier l’espace public, « pour eux nous n’avons pas notre place ailleurs que dans un hall », ils veulent aussi faciliter le travail de la police et retrouver une confiance entre policiers et habitants. « Il y a une police nationale qui est en souffrance, 54 suicides chez les policiers en 2014 sur leurs lieux de travail. Il y a une pression pour faire du chiffre, il faut faire avancer les choses de manière globale ».
Et pour ça, les Jeunes Communistes se sont entourés, sénatrice, associatifs, conseils généraux, tous unis pour obtenir un récépissé et faire cesser les contrôles abusifs au faciès.
« Casser l’isolement »
Malgré la condamnation historique de l’Etat dans le cas de cinq contrôles au faciès, le gouvernement reste inflexible sur la question. Une position qui irrite mais qui ne surprend pas la sénatrice PC du Val de Marne, Laurence Cohen qui ironise, « si on fait la liste des engagements pris par François Hollande et ceux qu’il a tenus, la liste serait très courte ».
Sollicitée en juillet dernier par les Jeunes Communistes, la sénatrice veut en finir avec ces contrôles qui « stigmatisent une partie de la population et qui ne font qu’aggraver les tensions ».
Mardi 13 octobre, au Sénat, elle va interpeller le ministre de l’Intérieur sur le sujet, « de manière à ce qu’il se positionne ». Et pour ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, la sénatrice et son groupe travaillent à une proposition de loi, en lien avec les associations, qui sera déposée en décembre ou en février au Sénat.
Du côté du Conseil départemental du 94, un observatoire national pour faire un diagnostic du contrôle au faciès est en cours de réflexion.
En attendant, les Jeunes Communistes ont lancé un numéro de téléphone pour les victimes de contrôles, "Vigilance Solidarité 94", afin de « casser l’isolement et pouvoir multiplier les relais ». Au bout du fil, des conseils précis et détaillées pour pouvoir se défendre.
Les initiateurs invitent également les gens « à prendre leur téléphone dans la mesure du possible pour filmer et prendre des photos afin d’avoir des preuves en cas de contrôle abusif ».
« Une solidarité bienvenue » se réjouit Walid, un jeune du département habitué des contrôles au faciès. « Une fois avec des amis nous avions pris à manger à emporter et ça a beaucoup fait rire les policiers de faire durer le contrôle au maximum afin de nous faire manger froid » témoigne-t-il.
En fin d’année, une application pour Smartphones verra le jour, "Faciesbook" afin de pouvoir signaler un contrôle abusif.
Une multitude d’initiatives qui finiront peut-être par obliger François Hollande à respecter sa promesse.
Jonathan Ardines
Numéro "Vigilance Solidarité 94" : 07 85 40 53 68