Tunisie. Le rappeur Klay BBJ maintenu en détention
Le rappeur Ahmed Ben Ahmed, alias Klay BBJ, dont une précédente condamnation à de la prison avait fait polémique, a été interpellé samedi soir à Tunis et incarcéré, a affirmé son avocat, Me Ghazi Mrabet. Contacté par le Courrier de l'Atlas, Azyz Amami précise que les policiers sont venus chercher le rappeur "alors qu'il se trouvait chez lui". Aujourd'hui lundi, il doit être transporté au SAMU pour subir un test d'urine, selon la procédure encore en vigueur en Tunisie, avant de comparaître devant un juge.
"Il a été interpellé avec un autre rappeur et une troisième personne hier soir alors qu'il devait se rendre à un concert à Hammamet", a déclaré Me Mrabet.
Le rappeur, connu pour ses textes virulents envers les autorités, a été "placé en garde à vue puis en détention provisoire" au centre de détention provisoire de Bouchoucha, selon la même source. Il pourrait être présenté lundi à la justice.
Son arrestation dont le motif n'est pas connu, s'est effectué "à la demande du ministère public", d'après le chargé de communication du ministère de l'Intérieur, Walid Louguini, cité par la radio privée Mosaïque FM.
Selon une source judiciaire, cette interpellation pourrait être liée "à une affaire de consommation de stupéfiants", des accusations que conteste le rappeur, selon son avocat.
La justice pourrait invoquer une loi controversée dite "loi 52", selon l'avocat. Ce texte promulgué en 1992 à l'époque de la dictature prévoit des peines de un à cinq ans de prison pour consommation de cannabis. Il est combattu par un collectif citoyen, "Al Sajin 52" ("Le Prisonnier 52"), qui estime que cette loi est utilisée pour réprimer la liberté d'expression, nombre d'artistes, notamment des rappeurs critiques des forces de l'ordre, ayant été emprisonnés sur cette base.
Selon des chiffres de l'ONU, plus de 50% des personnes en détention provisoire et environ un tiers des condamnés en prison en Tunisie ont été arrêtés en lien avec des affaires de stupéfiants, surtout de cannabis.
En 2013, le rappeur Klay BBJ avait été condamné en première instance à 21 mois puis six mois de prison, en compagnie d'un autre rappeur, Weld El 15, pour outrage à des fonctionnaires, atteinte aux bonnes mœurs et diffamation.
Les deux artistes avaient été acquittés en appel.
S.S