Sondage Sigma : « Réprimez-nous ! »

 Sondage Sigma : « Réprimez-nous ! »


Nous évoquions hier les inquiétantes analogies de part et d’autre de la méditerranée concernant les réponses des pouvoirs tunisien et français face à la recrudescence d’actes terroristes. Voilà que nous découvrons aujourd’hui une enquête Sigma Conseil faisant état de 78% des Tunisiens qui seraient « prêts à sacrifier la liberté contre la sécurité »…




 


Ainsi d’après Sigma, institut de sondage détenu par Hassen Zargouni, un proche de Nidaa Tounes, à la question « êtes-vous prêts à sacrifier un peu de liberté contre davantage de sécurité », ils seraient 78,1% à se dire favorables au postulat énoncé par cette question stéréotypée.


« Des chiffres comparables à ceux du sondage du 17 novembre mené auprès des Français », commente Zargouni, non sans un certain satisfécit. Le sondage en question, mené en France par l’institut Ifop pour Le Figaro et RTL, indique que 84% des citoyens français sont « prêts à accepter davantage de contrôles et une certaine limitation de leurs libertés pour mieux garantir la sécurité ».


Le sondage de Sigma Conseil révèle par ailleurs que la près de la moitié des Tunisiens estime que « des parties étrangères sont derrière la prolifération du terrorisme » dans le pays, ce qui tend à corroborer l’essor des théories du complot qui deviennent la norme, quoique « parties étrangères » peut aussi faire référence aux financiers du terrorisme.


Les sondés considèrent enfin que « l’endoctrinement des jeunes et leur conversion aux idées radicales se fait essentiellement sur internet, dans les mosquées et dans les cafés ».


Elles sont cela dit une majorité de femmes (64%) à estimer que la Tunisie n’est pas un pays sûr, en affirmant ne pas s’y sentir en sécurité. La moyenne des deux sexes retombe à 52,2%.


Seuls 10,8 % des personnes interrogées font confiance au gouvernement actuel pour lutter contre la menace terroriste.


Pour l’activiste Azyz Amami qui réagissait aux résultats du sondage, « C’est comme si vous demandiez aux gens s’ils sont prêts à renoncer à un rein pour plus de lablabi [plat local, ndlr]… Il ne devrait y avoir aucune corrélation ou rapport de causalité entre les deux principes : la sécurité n’augmente pas lorsqu’on restreint la liberté, et les libertés ne sont pas plus nombreuses lorsque la sécurité diminue. Il n’y a que les sophistes obséquieux pour poser ce genre de problématiques biaisées ».


« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux ». Une citation datant du 18ème siècle de Benjamin Franklin qui gagnerait décidément à être plus connue.


 


Seif Soudani