Décès de Ridha Yahyaoui : des centaines de manifestants Avenue Bourguiba
Jeune diplômé chômeur, Ridha Yahyaoui est mort dimanche 17 janvier en protestant aux abords du siège du gouvernorat de Kasserine. Il a été victime d’une chute mortelle après avoir escaladé un poteau électrique. Yahyaoui voulait se suicider par électrocution en apprenant que son dossier n’a pas été retenu par les autorités dans un concours en vue d’intégrer la fonction publique. A Kasserine, ville toujours économiquement sinistrée cinq ans après la révolution, l’incident est une piqûre de rappel quant au désespoir de toute une génération.
Aujourd'hui lundi, l'Union Générale des étudiants de Tunisie et l'Union de Diplômés Chômeurs ont appelé à une marche pacifique qui est partie du fief syndical de l’UGTT, Place Mohamed Ali à la mi-journée, pour se diriger ensuite vers l'Avenue Bourguiba. La marche avait notamment pour objectif de rappeler l'un des slogans phares de la révolution de la dignité : l'emploi, revendication délaissée par les gouvernements successifs depuis 2011.
Réagissant au drame, le parti Al-Massar a publié dans la même journée du 18 janvier 2016, un communiqué dans lequel il appelle à ouvrir une enquête et impute la responsabilité de la mort du jeune homme aux autorités régionales, dans la mesure où « le jeune chômeur a perdu tout espoir de se procurer un emploi suite aux manipulations de son dossier ».
Selon ses camarades, le nom de Ridha Yahyaoui, fiché par les autorités pour ses activités syndicales, avait été supprimé de la liste des diplômés chômeurs s’apprêtant à être recrutés dans la fonction publique.
Alors que les violents affrontements en marge des funérailles de dimanche ont poussé le gouverneur à quitter le siège du gouvernorat, le premier délégué de Kasserine a été suspendu lundi en attendant les résultats d’une enquête administrative, dont l’ouverture est visiblement surtout destinée à apaiser un climat insurrectionnel dans cette région sud-ouest du pays.
S.S