Manuel Valls promet de prendre des sanctions contre le mouvement BDS
On aurait bien aimé aller faire un tour ce lundi soir (18 janvier) à la conférence – débat avec le Premier ministre Manuel Valls, mais pas sûr qu'ils nous auraient laissé entrer, avec ou sans la carte de presse. Les invités étaient triés sur le volet. Les organisateurs précisaient sur leur page Facebook que seuls les adhérents des "Amis du CRIF"(Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) étaient admis.
Dix jours avant l'évènement qui a eu lieu à l'intérieur du prestigieux hôtel Intercontinental dans le 9ème arrondissement de Paris, les organisateurs annonçaient déjà que la soirée était complète.
Animée par le journaliste Guillaume Durand, on a parlé des derniers évènements tragiques, comme la tuerie survenue à l'Hyper cacher en janvier 2015, mais aussi de la récente agression, à l'aide d'un couteau, d'un professeur à Marseille par un adolescent. Mais la soirée a été surtout marquée par les propos de Manuel Valls qui s'en est pris une nouvelle fois ouvertement à BDS (la campagne de boycott lancée en France, en 2009, pour contraindre Israël à respecter le droit des Palestiniens).
Le Premier ministre a déclaré qu'il aimerait davantage contraindre les manifestations appelant au boycott des produits israéliens. « Je pense que les pouvoirs publics doivent changer d’attitude vis-à-vis de ce type de manifestations » qui participent selon lui d’un « climat nauséabond ».
Pour Manuel Valls, « on est passé de la critique d’Israël à l’antisionisme et de l’antisionisme à l’antisémitisme ». Avant de menacer : « Je pense que nous allons prendre des dispositifs – mais toujours dans l’Etat de droit – qui doivent montrer que ça suffit, et qu’on ne peut pas tout se permettre dans notre pays. J’en parlerai, et j’en ai déjà parlé avec le ministre de l’Intérieur. »
M. Valls n’a cependant pas repris à son compte « l’interdiction » appelée de ses vœux par le président du CRIF, Roger Cukierman. Pour combien de temps ?
Déjà, en décembre 2015, Manuel Valls avait condamné à l'Assemblée nationale les campagnes visant les produits israéliens du fait du conflit avec les Palestiniens menées par le mouvement BDS (« boycott, désinvestissement et sanctions »).
Après Michèle Alliot-Marie, c'est donc au tour du Premier ministre de s'en prendre à BDS. En février 2010, Michèle Alliot-Marie, à l'époque garde des Sceaux, "demandait par une lettre-circulaire aux Parquets, d’engager des poursuites contre les personnes appelant ou participant à des actions de boycott des produits déclarés israéliens".
Depuis, une dizaine de procès ont eu lieu, donnant parfois suite à des condamnations.
« Nous mettons au défi quiconque de trouver une seule référence de notre campagne qui se situerait sur le terrain du racisme. Tout notre combat se construit précisément dans le cadre de la lutte contre tous les racismes », avait rappelé BDS France, le 17 décembre dernier, dans un communiqué.
« Notre action est éthique, citoyenne et politique. Elle s'inscrit dans notre combat permanent contre toute forme de racisme. Elle ne vise pas des personnes ou des groupes en raison de leur origine ou de leur religion juive, ni leurs entreprises ou leurs produits. Nous faisons une différence évidente entre un produit israélien que nous boycottons et un produit casher produit par une entreprise non israélienne que nous ne boycottons pas. Ce boycott ne vise pas la société israélienne ni les individus qui la composent, en tant que tels, il vise la politique coloniale d'occupation israélienne et ses partisans ». Un message clair que feint d'ignorer le Premier ministre français.
La France est la seule démocratie au monde où l’appel au boycott par un mouvement associatif ou citoyen pour critiquer la politique d’un Etat tiers est interdit …
Nadir Dendoune