Moussa, par sa famille
Dimanche 24 janvier. Il est un peu plus de 13h. Sur le plateau du Supplément, l'émission de Canal Plus, présentée par Ali Baddou, plusieurs invités. Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l'Education. A ses côtés, Idriss Sihamedi, président de l’association Barakacity et Fatiha Khettab, du comité de soutien Free Moussa. Le reportage sur cet humanitaire français, incarcéré arbitrairement au Bangladesh depuis le 22 décembre dernier vient de se terminer. Retour sur le plateau.
Un échange de plusieurs minutes où les propos du président de Barakacity vont choquer les autres intervenants, qui lui reprochent d'assumer de "ne pas vouloir serrer la main aux femmes", et de "ne pas avoir condamné fermement Daesh". Au lendemain de cette émission, la famille de l'humanitaire a décidé de réagir.
Comment vous sentez-vous au lendemain de cette émission ?
Nous ne sommes pas très contents. Pour plusieurs raisons. Déjà par l'intervention du président de Barakacity. Mais nous sommes également déçus parce que la journaliste nous avait assurés qu'elle était venue pour faire un sujet sur le sort de Moussa. Au final, ils n'ont fait que parler de Barakacity. Pourtant, nous avons passé toute une soirée avec elle : elle est venue filmer à la mairie de Montreuil (NDRL : Moussa est originaire de cette ville), mais également chez nos parents. Le reportage dure plus de 8 minutes. Au final, la famille ne parle que pendant 40 secondes. Et pendant ces 40 secondes, la journaliste nous relance sur Barakacity.
Pendant l'interview, elle a occulté tout son parcours humanitaire. Moussa est membre de BarakaCity. Son engagement pour cette ONG s'inscrit d'abord dans une logique humanitaire. Saviez-vous par exemple que Moussa avait fondé une association d'entraide en septembre 2009 aux sans-abris, qui existe encore et où 250 bénévoles distribuent des colis chaque soir en région parisienne ? Saviez-vous qu'en 2012, il était parti en Roumanie pour apporter son aide à une famille Rom dont il s'était occupé. Elle venait d'être expulsée de France. Moussa a toujours été tourné vers les autres.
Que pensez-vous des propos tenus par le président de Barakacity sur le plateau ?
Déjà, nous tenons à saluer le formidable travail humanitaire effectué par Barakacity. En ce qui concerne les propos tenus par le président de cette association, bien entendu, nous les condamnons. Nous condamnons toutes violences commises contre des innocents. Il n'y a pas à tergiverser dessus. Et si Moussa était parmi nous, il dirait la même chose. A chaque attentat, il répétait :"C'est pas ça l'islam". Mais nous en avons un peu marre que les journalistes nourrissent cette polémique. On rappelle que Moussa croupit en ce moment dans une prison au sud du Bangladesh. Depuis le 22 décembre, date de son incarcération, Moussa a perdu plus de 10 kilos. En un mois, nous avons pu nous entretenir avec lui qu'à une seule reprise. Et notre échange qui n'a duré que quelques minutes date de trois semaines. Nous demandons donc d'urgence aux autorités françaises de tout faire pour que Moussa soit libéré.
Propos recueillis par Nadir Dendoune
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