Un prof de fac assigné pour avoir ironisé sur les « blancos » de M. Valls

 Un prof de fac assigné pour avoir ironisé sur les « blancos » de M. Valls

Manuel Valls serait-il le seul à pouvoir parler de « blancos »?. ERIC FEFERBERG / AFP


 


C’est cet après-midi que doit comparaître devant le tribunal correctionnel d’Avignon un professeur d’université. Son tort : avoir utilisé, avec ironie, le terme « blancos », pourtant cher à Manuel Valls.


 


Bernard Mezzadri est maître de conférences à l’université d’Avignon et des Pays de Vaucluse (UAPV). Il doit rendre des comptes à la justice pour avoir « provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ».


 


« Suffisamment de « blancos » (et pas trop de basanés) »


En mai dernier, une délégation de l’université d’Avignon doit rencontrer le Premier ministre. Pour préparer cette entrevue, les enseignants-chercheurs et le personnel de l’établissement échangent dans un groupe de discussion interne. Bernard Mezzadri écrit alors cette phrase, destinée donc à ses confrères : « J'espère qu'en cette grande occasion la délégation de l'UAPV (université d’Avignon et des Pays de Vaucluse) comptera suffisamment de « blancos » (et pas trop de basanés), afin de ne pas donner une trop mauvaise image de notre établissement. »


 


Museler la liberté de pensée et d’expression


Le professeur souhaitait rappeler, non sans ironie, les propos xénophobes tenus par Manuel Valls sur le marché d’Évry, lorsqu’il était le maire de cette ville du 91, et dont la vidéo avait fait le buzz en 2009. C’est le président de l’université d’Avignon et des Pays de Vaucluse qui a « signalé » au procureur de la République cette contribution. De nombreux universitaires ont rapidement signé une pétition en soutien à Bernard Mezzadri. Un texte qui dénonce notamment « le comportement des autorités de l’université qui entendent museler la liberté de pensée et d’expression par une sordide tentative d'intimidation ». Parmi les signataires, il y a Éric Fassin, Professeur de Sociologie, université Paris 8, également Nacira Guenif-Souilamas, Professeure à Paris 8, mais aussi Armelle Mabon, Maître de conférences en Histoire contemporaine, université Bretagne Sud. Entre autres.


 


Chloé Juhel