Augmentations de salaires, vacances au ski, fiscalité… les fautes politiques du pouvoir
Si elles ne sont plus aussi présentes dans les médias, les tensions sociales sont toujours vives dans plusieurs régions du pays. C’est le moment qu’a choisi le ministre des Finances pour annoncer une augmentation substantielle des salaires des PDG des banques publiques. De son côté, au pire de la crise, le ministre du Développement et de la coopération internationale serait en vacance dans une station de ski en Suisse …
En marge de la 8ème réunion du Comité mixte de la gouvernance ouverte et la transparence financière, et en présence de Marie Françoise Marie Nelly directrice de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte, le ministre des Finances Slim Chaker a annoncé, mardi 26 janvier, l’entrée en vigueur des augmentations promises depuis mi-octobre 2015 aux PDG des banques étatiques : la STB, la Banque de l’habitat, et la Banque nationale agricole.
La mesure s’inscrit dans un projet de réforme du secteur bancaire, engagée via la loi de finance 2016. Elle vise selon le ministre à « contribuer à fidéliser à leurs postes des compétences tunisiennes qui sont payées jusqu’à dix fois plus dans le secteur privé ». Concrètement, il s’agit de multiplier par quatre, voire davantage, les rémunérations actuelles des PDG, en combinant le montant des salaires et les indemnités liées aux résultats, explique le ministre et ancien courtier en bourse Slim Chaker.
Une semaine auparavant, au moment où l’insurrection de Kasserine avait éclaté, une délégation comprenant le chef du gouvernement Habib Essid, le ministre de l’Emploi Zied Ladhari, et le ministre du développement Yassine Brahim, était présente au Forum économique mondial de Davos. Ce dernier aurait, selon des sources de son parti Afek Tounes, prolongé son séjour dans la station suisse, afin de s’adonner au ski.
C’est ce qu’a révélé en outre mardi Adnène Manser, dirigeant du parti d’opposition Alirada, qui a dénoncé des erreurs qui vont au-delà de la simple communication, et qui auraient dû selon lui pousser le chef du gouvernement à se passer des services du ministre en question lors du dernier remaniement.
Une fiscalité d’exonération des élites
Autre controverse liée à la politique économique de la droite au pouvoir, les députés de la majorité ont récemment voté favorablement une révision à la baisse des droits de consommation de plusieurs « produits alcoolisés de luxe » soumis à une taxe spécifique qui figurait sur le tableau de l’annexe de la loi 88-62 du 2 juin 1988.
Ainsi, verront leur imposition diminuer selon le projet de Loi de finances 2016 : les boissons alcoolisées (bière en vrac ou pression), la Vodka, le Whisky, le Cognac, le Gin, le Pastis, le Ricard, la Thibarine et toutes autres boissons alcoolisées classées et non classées.
Certains matériaux de construction haut de gamme et de revêtement subiront également une baisse des droits de consommation tels que le marbre et le granite.
Figurent également dans la liste des produits qui verront leurs taxes baisser, les perles et diamants, les pierres précieuses et semi-précieuses, le café, le thé, les produits de beauté et cosmétiques, les climatiseurs « split system », les montres, les systèmes de massage « jacuzzi », les stylos et crayons de tous types et les armes à feu dont les pistolets et les cartouches utilisées pour la chasse… Autant dire qu’en pleine crise, si les députés de la coalition voulaient choquer l’opinion publique, ils ne s’y prendraient pas autrement.
Mardi toujours, le parti Ettakatol a dénoncé via son président Mustapha Ben Jaafar « le manque de sérieux du gouvernement dans sa gestion de la contestation sociale ». « La coalition au pouvoir s’est contentée de déclarations improvisées et contradictoires, d’annonces de création d’emplois fictifs, d’accusations envers des partis sans les nommer, ce qui a attisé les protestations », affirme le parti dans un communiqué.
S.S