Le chef du gouvernement toujours hospitalisé

 Le chef du gouvernement toujours hospitalisé

Béji et Hafedh Caïd Essebsi en visite à l’hôpital militaire


Nous faisions déjà état hier mercredi d’une probable prolongation de l’hospitalisation d’Habib Essid (67 ans) à l’hôpital militaire de Tunis. Cela vient d’être confirmé par un communiqué de la présidence du gouvernement qui indique que le chef du gouvernement ne reprendra ses activités qu’ « à partir de la semaine prochaine », et ce après avoir évoqué initialement un repos de seulement deux jours.




 


Filmée, mais sans montrer aucune image d’Habib Essid sur son lit d’hôpital, la visite de courtoisie du président de la République dans la soirée de mercredi n’a pas mis fin aux spéculations sur l’état de santé du chef de gouvernement, loin s’en faut. L’homme est officiellement victime d’un malaise suite à un surmenage, mais cette vacance au sommet de l’Etat fait vaciller le pouvoir.


Béji Caïd Essebsi rend visite « à son Premier ministre », ironisent certains, allusion au virtuel retour au régime présidentiel. Interrogé lors d’un entretien accordé hier soir 3 février à la télévision nationale sur l’impression de marginalisation de la nouvelle Constitution qui règne au sein de l’opinion, le président a botté en touche, affirmant que ses entrevues avec Ahmed Néjib Chebbi, Mohamed Nouri Jouini et Mehdi Jomâa n’entrent que dans le cadre de « consultations en vue du lancement d’une initiative nationale de sauvetage économique ».


 


Les mesures gouvernementales de sortie de crise, un contre-sens 


Depuis le commencement de la révolte de ‎Kasserine le 17 janvier 2016, les augmentations salariales consenties par l'Etat bénéficient paradoxalement aux corps de métier les plus honnis par les manifestants.


Ainsi, les augmentations concernent en premier lieu les forces de l’ordre, suite aux pressions de leurs syndicats : entre 250 et 400 dinars. Les salaires des PDG des trois banques publiques ont été quadruplés, voire quintuplés, en passant d’un peu moins de 5000 dinars à 20 000 dinars par mois. Enfin une prime mensuelle de 900 dinars a été auto-allouée aux députés de l’Assemblée des représentants du peuple en compensation de la suppression de la prise en charge des repas et de l’hébergement pour les élus résidant en région. Une prime désapprouvée par l’opposition Front populaire.


Dans ces conditions, le lancement d’une initiative économique par la présidence de la République, en remplacement du projet de loi enterré de réconciliation économique, sonne comme un désaveu pour la politique gouvernementale, certes calamiteuse mais aussi bouc émissaire des erreurs politiques de la présidence.


 


Seif Soudani