Ziad Majed : « Le grand oublié de ce conflit est le peuple syrien, un peuple invisible ! »

 Ziad Majed : « Le grand oublié de ce conflit est le peuple syrien, un peuple invisible ! »

Ziad Majed


Le mois de mars 2016 marque le 5ème anniversaire du début du soulèvement syrien. Mardi soir 8 mars, c’était l'occasion pour le « Kot Amnesty » et l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve de faire le point sur un conflit qui demeure pour beaucoup difficile à cerner, alors que l'arrivée massive de réfugiés en provenance de Syrie intéresse de plus en plus d’européens, qui cherchent à comprendre ce qui se passe là-bas. Le chercheur et politologue libanais Ziad Majed y a livré 30 minutes d’intervention lucide qui nous interpellent sur la Syrie. 


La Syrie entre rêve et cauchemar : « qui peut m'expliquer ? »




Le 8 mars coïncide jour pour jour avec le coup d’Etat de 1963 à l’issue duquel le parti Baath, un parti « national-socialiste » prenait le pouvoir en Syrie, tandis que le 13 et le 15 mars 2016 connaîtront respectivement les commémorations des évènements de Deraa où des enfants furent torturés par le régime pour des graffitis, et l’étincelle des premiers rassemblements pacifiques.  


Cette conférence, organisée en Belgique en partenariat avec le Kot Amnesty, se donne pour ambition d'éclairer les causes profondes de la situation que connaît ce pays aujourd'hui, « sans rien occulter du cauchemar que vit sa population », mais tout en rappelant aussi le rêve de démocratie qui en a été à l'origine.

Professeur de sciences politiques et d’études du Moyen-Orient contemporainà l'Université américaine de Paris, Ziad Majed a fondé avec des chercheurs du Maroc, de l'Algérie, de la Tunisie, de l'Égypte, de la Jordanie, du Liban, du Yémen et de Bahreïn un réseau pour les études sur la démocratie (le ANSD). Il réside aujourd'hui en France où il enseigne à l'université américaine de Paris.


Mardi il est intervenu à l'auditoire Montesquieu en tant que speaker sous le thème « La Syrie depuis 2011 : analyse politique, militaire, et géopolitique du conflit syrien, et perspectives d'avenir », avant que Sophie Aujean, coordinatrice pour la Tunisie, la Syrie et le Liban chez Amnesty International Belgique francophone, ne revienne sur la catastrophique « situation des droits humains en Syrie, bilan après 5 ans de conflit ».


Ziad Majed expliquera notamment la genèse du régime Al Assad, qui progressivement « a transformé la Syrie en une propriété familiale » après avoir imposé l’état d’urgence et muselé l’espace du débat politique. « Une nouvelle génération aspirait logiquement à arracher son droit à l’activité politique jadis confisqué, à la suite des révolutions arabe, insiste Majed, après avoir rappelé l’épisode « passé inaperçu » du terrible massacre de Hama en 1982 (40 000 morts).  


« On voit les frontières, on parle de l’Arabie Saoudite, du gaz, du pétrole, des Américains, des complots partout, de la CIA, de Daech, mais on ne voit pas 23 millions de Syriens », déplore Ziad Majed, auteur en 2014 de « La révolution orpheline ».


 


Seif Soudani