Passe d’armes entre Azyz Amami et le ministre de l’Education
Donné premier politicien en termes de popularité par des sondages d’opinion, Néji Jelloul soignerait-il son image au point de verser dans le populisme le plus irresponsable ? Surfant sur l’émoi provoqué par les attaques terroristes de Ben Guerdane, le ministre a plébiscité les selfies pris par les militaires aux côtés de cadavres de djihadistes. Ce qui n’est pas du goût d’une partie de la blogosphère tunisienne.
« Monsieur le ministre, je vous emmerde ! », tel est le langage fleuri employé par l’irrévérencieux activiste Azyz Amami qui a récemment repris l’écriture sur son blog, l’un des plus actifs durant les évènements de la révolution de 2011.
Le 9 mars, lors d’un plateau en prime time sur la chaîne Elhiwar TV, le ministre de l’Education nationale était invité à se prononcer sur le selfie qui n’en finit pas de susciter la polémique. « C’est top ! », lance sans sourciller Néji Jelloul : « Je vais vous expliquer pourquoi. Vous avez lu la convention de Genève ? Le texte traite de quand vous faites la guerre à une armée régulière. Ces gens sont des tueurs, qui ne respectent aucune loi »…
Le ministre poursuit : « Ce jeune militaire exprime toute la hargne du tunisien, je suis fier de lui, et laissez tomber vos histoires de… ». « Mais qu’en est-il de l’éthique des soldats ? », tente d’interrompre l’animateur Amine Gara, en vain. « Je dis bravo à ces militaires, et je compte même acheter le T-shirt à l’effigie du selfie », conclue le ministre.
« Ces propos sont ceux du ministre de l’éducation, commente Azyz Amami. Les Fellaga n’étaient pas une armée régulière, il est donc normal que l’occupant français commette des exactions à leur encontre, si l’on s’en tient à la logique de son excellence monsieur le ministre, qui visiblement est payé pour faire monter sa cote et pas remplir sa mission », regrette Amami.
Le blogueur poursuit : « Quand est-ce que nous violerons leurs femmes, les lyncherons et les photographierons nus monsieur le ministre ? Quand est-ce qu’on commence la lapidation ? Avant que les examens ne débutent de préférence, histoire que les p’tits sachent quoi répondre »…
Aujourd’hui, certains sites pro gouvernementaux accusent le blogueur d’inviter « au respect des corps des terroristes ». Pour avoir appelé à des sanctions disciplinaires à l’égard de certains soldats qui se sont rendus coupables de profanations, la militante historique Radhia Nasraoui fait face au même type de campagnes d’intimidation.
S.S