Accord polémique UE-Turquie : un premier bateau de migrants refoulés accoste à Dikili

 Accord polémique UE-Turquie : un premier bateau de migrants refoulés accoste à Dikili

Des ferrys assurant habituellement la liaison entre les iles grecques et la côte turque toute proche ont commencé à ramener des migrants vers la Turquie.


Un premier ferry chargé de migrants renvoyés de Grèce dans le cadre de l'accord signé entre l'Union européenne et la Turquie est arrivé lundi matin dans le port turc de Dikili (ouest). Plusieurs centaines de migrants, y compris des demandeurs d’asile, doivent être renvoyés vers la Turquie dans le cadre de cet accord largement décrié.


 


Vers les camps turcs


Parti de l'île grecque de Lesbos qui fait face à la Turquie, le catamaran Nezli Jale a accosté à Dikili vers 09h20 locales (06h20 GMT) avec des dizaines de passagers à bord, pour l'essentiel originaires du Pakistan et du Bangladesh. Escortés par des policiers, les premiers migrants ont débarqué sur un des quais du port et été conduits sous des tentes du Croissant-Rouge turc.


Juste en face du quai où a accosté le navire, deux personnes ont accueilli le Nezli Jale en déployant une banderole recouverte du slogan en anglais « Stop deportation, open borders » (« Arrêtez les expulsions, ouvrez les frontières »). Les deux contestataires ont été rapidement expulsés de la zone par la police turque. Ankara a indiqué que les migrants réadmis sur leur sol devaient, une fois dûment enregistrés, être ensuite acheminés dans des camps dont elle n'a pas précisé les localisations, ni le statut.


Un autre ferry parti plus tôt lundi matin de Lesbos était également en vue de Dikili, alors qu'un troisième navire chargé de migrants a également quitté l'île de Chios pour se rendre dans le port turc de Cesme, plus au sud. Plusieurs centaines de migrants doivent arriver lundi dans les ports de Dikili et Cesme dans le cadre de cette première vague de réadmissions, orchestrée dans le cadre d'un plan signé entre Bruxelles et Ankara le 18 mars.


 


Un accord polémique


Arraché après d'intenses tractations, cet accord vise à tarir le flot de migrants qui traversent depuis un an la mer Égée entre la Turquie et la Grèce avec l'espoir d'obtenir l'asile dans l'UE. Plus d'un million d'entre eux, dont une majorité de Syriens fuyant leur pays en guerre, sont parvenus à rejoindre les îles grecques en 2015.


Ce plan stipule également que pour chaque Syrien renvoyé de Grèce, un autre sera admis en UE, dans le cadre d'un plan limité à 72 000 places. Un premier groupe de 16 Syriens est arrivé lundi à Hanovre, dans le nord Allemagne.


Cet accord est vivement critiqué par un grand nombre d’ONG, qui rappellent à l’Europe ses obligations en matière de non-refoulement des demandeurs d’asile. Elles pointent également la détérioration rapide de la situation des droits humains en Turquie, où l’armée mène des opérations contre la minorité kurdes et où des journalistes et des militants sont interpellés et intimidés quotidiennement. La Turquie ne peut donc pas être considérée comme un pays sûr offrant des garanties quand au respect des droits des demandeurs d’asile, selon les détracteurs de l’accord.


Rached Cherif