Pavillons-sous-bois : un pizzaïolo reçoit une menace islamophobe
Samedi 2 avril, vers 10h, Walid Ben Harzallah, 35 ans au compteur, arrive comme chaque matin à sa pizzeria située dans la ville des Pavillons-sous-bois (93), dont il est le propriétaire, depuis septembre 2015. Et comme chaque matin, cet ancien chauffeur de bus de la Ratp ouvre sa boîte aux lettres. Pour la première fois, il y découvre une curieuse lettre anonyme, avec quelques petites fautes d'orthographe.
"Vous pouvez vous les foutre au cul vos pizzas halal de merde. Tout le monde sais que c'est avec le blanchissement de l'argent de la drogue que vous ouvrez ces putains de pizzerias. Sales Arabes. Islamistes. Religion de dégénérés impuissants. Allez les vendre chez Daech".
"J'avoue que sur le coup, j'ai été estomaqué", explique Walid. "J'ai été choqué. J'aurais jamais pensé que ça pouvait m'arriver. J'ai vécu ça comme une agression. J'ai souvent vu ou entendu à la télé des gens qui racontaient ce qu'ils avaient vécu. Mais là, c'était réel. C'était à mon tout d'être victime", continue le jeune homme, papa de 3 enfants.
Walid décide finalement de rendre publique sa mésaventure parce qu'il trouve important qu'on dénonce ce genre de pratiques. "Beaucoup préfèrent se taire", regrette-t-il. "Mais si on ne dit rien, on montre qu'on a peur".
Avec un peu de recul, Walid n'est pas très étonné d'avoir reçu une telle lettre. "C'est le climat actuel qui veut ça. Déjà avec Sarko, on sentait l'islamophobie grandir dans notre pays. Valls et sa bande n'ont fait qu'aggraver la situation", se désole le jeune homme. "La haine du musulman atteint des sommets en France", précise-t-il.
L'adjoint au maire des Pavillons-sous-bois a prévu de rendre visite au jeune entrepreneur. Walid a également contacté le CCIF (Collectif contre l'islamophobie en France), qui promet de donner suite à son affaire.
Malgré le choc, Walid n'a nullement l'intention de changer quoi que ce soit dans sa vie. "Je n'ai pas peur pour mon intégrité physique. Je n'ai pas peur de ces fascistes. S'ils viennent, je saurai les recevoir", promet-il. "Bien sûr, avec bienveillance", conclut-il avec le sourire.
Nadir Dendoune