« Nuits debout » : vers une « réappropriation citoyenne »
Mouvement citoyen né à Paris il y a une dizaine de jours, les « Nuits debout » dérangent une partie de la classe politique. Si certains hommes politiques appellent au respect de l'Etat d'urgence, au contraire, certaines associations accueillent ce mouvement comme un véritable espoir. Loin d'être le fruit de l'unique exaspération causée par la loi Travail, ce mouvement rassemble des militants luttant pour différentes causes…
Rassembler
Dans la nuit de samedi à dimanche (du 9 au 10 avril), après une journée de manifestation mouvementée contre la réforme du code du Travail, des incidents ont éclaté place de la République, siège des « Nuits debout ». Une excuse suffisante pour mettre fin à ce mouvement qui prend de l'ampleur en France et commence à dépasser les frontières de l'Hexagone ? Pour certaines associations, ce mouvement est synonyme d'espoir, de rassemblement : « Droits devant !! s’inscrit sans ambages dans cette large confluence des Nuits debout agrégeant étudiants, ouvriers, précaires, chômeurs, sans-papiers, sans logis, migrants, collectifs, réseaux… ». Une véritable chance pour cette association qui, depuis 21 ans, combat contre les exclusions et pour l’égalité des droits.
Changer le système
La convergence des luttes. Cet objectif de l'association Droits Devant!!, et de bien d'autres, semble se matérialiser avec ce nouveau mouvement : « Cette mobilisation exemplaire ne s’affirme pas seulement contre la loi El Khomri, elle vise essentiellement à combattre un système qui a amplifié sans relâche une déshérence intellectuelle, culturelle, politique, spirituelle sans précédent ». De ce ras-le-bol généralisé et de cette défiance envers la politique est donc né un mouvement où le peuple est remis au centre, où la parole citoyenne reprend le pouvoir : « Les Nuits debout portent probablement en elles les germes d’une réappropriation citoyenne ».
Ce mouvement des « Nuits debout » sera-t-il un feu de paille ou le début d'une « réappropriation citoyenne » ? Les débordements de ce week-end, dont la mise à sac de plusieurs devantures de banques et du commissariat du XIe arrondissement de Paris, ont sacrément égratigné la légitimité de ce mouvement naissant. Toutefois, même si la mobilisation contre la réforme du code du Travail semble faiblir, le gouvernement, comme l'ensemble de la classe politique, devront prendre en compte l'expression de cette voix populaire.
F. Duhamel