Mantes-la-Jolie à l’heure de Nuit Debout

 Mantes-la-Jolie à l’heure de Nuit Debout

Said


 


Le lieu n’a pas été choisi par hasard. « C’est entre le quartier du Val Fourré et la zone pavillonnaire », explique Said, l’un des organisateurs de Banlieue Debout Mantes-la-Jolie. « On a choisi cet endroit parce qu’il fait la jonction, entre les deux morceaux de la ville, les pauvres et les classes moyennes », continue le quadragénaire, habitant de Limay, une ville limitrophe. 


 


Ce vendredi 15 avril, Nuit Debout, du nom de ce mouvement citoyen commencé le 31 mars Place de la République a Paris, s’exile donc à Mantes-la-Jolie le temps d'une soirée, dans cette banlieue située à 50 kilomètres au nord ouest de Paris.  


Le rendez-vous est fixé à 19h30 place Paul Bert devant la mairie de Gassicourt, un des quartiers de la ville. Comme pour Paris, l'initiative mantoise se veut 100% citoyenne. "Des personnalités locales ont prévu de venir. On leur a juste demandé de laisser leur étiquette politique derrière eux", précise Said. "On a préféré les prévenir avant. Nos luttes ont tellement été récupérées par le passé qu'aujourd'hui on préfère prendre les devants », tacle le militant.



Si le mouvement parisien Nuit Debout a démarré il y a près de deux semaines (le soir du 31 mars), la sauce a mis du temps à prendre en banlieue. Montreuil a montré la voie en fin de semaine dernière en organisant sa "Banlieue Debout",  avant que les villes de Saint-Denis (93) et Ivry Sur Seine (94) montent leurs événements ce mercredi 13 avril. 


"C'est vrai que nous ne sommes pas lancés tout de suite dans l'aventure", avoue Said. "Il y a eu le temps de la réflexion. Le mouvement Nuit Debout est né à Paris parce que les classes moyennes commencent à craindre pour leur déclassement. Nous, en banlieue, cela fait 40 ans que nous luttons contre la ségrégation sociale, raciale et spatiale. 40 ans que nous recevons les coups de matraques des policiers", continue le jeune homme.  



"Les discours des manifestants étaient donc très loin des problématiques des quartiers populaires. Après, quand on a vu que d'autres villes de banlieue franchissaient le pas, cela nous a motivés", admet encore Said.  



Ce dernier espère qu'une convergence des luttes entre la capitale et sa banlieue aura lieuet que les habitants des quartiers populaires, "très résignés après plus de trois décennies de déception", retrouveront un peu d'espoir.


Said se dit aussi que "les manifestants parisiens ne pourront pas rester éternellement Place de la République". "Ce mouvement pourrait alors s'expatrier dans les quartiers", conclut optimiste Said.


 


Nadir Dendoune