Trois mois après l’assaut de Saint-Denis – Mohamed Elshikh victime collatérale
Ça ressemble à un cauchemar qui se transforme en conte de fées sauf que l’histoire n’est pas aussi rose que cela paraît. Il y a quelques jours de cela, Mediapart racontait l’histoire de Mohamed Elshikh, un voisin sans papiers blessé par un tir des policiers lors de l’assaut du RAID à Saint-Denis, qui a vu la mort de deux des terroristes du 13 novembre.
Le 18 novembre, à l’aube, cet Égyptien de 26 ans se fait tirer dessus par un tireur d’élite du RAID « qui cherche à neutraliser une menace potentielle ». Le logement que Mohamed Elshikh occupait depuis un an en sous-location dans un immeuble insalubre de Saint-Denis était mitoyen de « l’appartement conspiratif » où s’étaient réfugiés deux des auteurs des attentats du 13 novembre 2015.
La victime collatérale qui était depuis, sous le coup d’un arrêté d’obligation de quitter le territoire vient d’obtenir un titre de séjour. C’est Agnès Druel, sa professeure de français dans l’association d’alphabétisation qu’il fréquente, qui avait remué ciel et terre pour régulariser la situation de ce clandestin.
« Je vous rappelle que mon client a été blessé par balle suite aux événements exceptionnels. J’ajoute que les tirs provenaient de vos services. J’attends donc un geste et non des conseils sur les demandes de titre de séjour », s’énervait-elle dans un premier courrier au ministère de l’Intérieur révélé par Médiapart. Avant de conclure dans un second : « Que faut-il pour que la République accepte d’intervenir et le soutenir ? ».
Le seul à réagir efficacement futle député PS Mathieu Hanotin de Saint-Denis qui va prendre en charge le dossier du clandestin pour l’obtention d’un titre de séjour provisoire d’un an pour raisons de « vie privée et familiale ».
Tout cela est bien beau, reste un petit bémol cependant, c’est que Mohamed Elshikh a été grièvement blessé par les forces de l’ordre, lors de l’assaut du RAID à Saint-Denis, tellement grièvement que le jeune homme a été opéré une première fois dans les jours suivant l’assaut du RAID. La plaque qu’on lui a incrustée dans le bras, ne faisant pas l’affaire, deux jours après, on lui pose la broche encore vissée aujourd’hui à son bras. Une troisième opération avait été prévue pour le 15 mars. Elle a été reportée une première fois au 7 avril, avant d’être de nouveau ajournée et reprogrammée à la fin du mois.
Les médecins qui s’occupent de lui auraient-ils du mal à se prononcer sur la gravité de ses blessures ? Au delà du diagnostic médical, il semble que l’affaire qui a suscité quelques émois chez de bonnes âmes n’a pas eu de conséquences concrètes sur la vie de Mohamed. En démocratie, toute personne victime d’abus ou de violence de la part d’individus ou de représentants de la force publique est en droit de réclamer réparation. Pas besoin d’être avocat ou juge pour comprendre que le préjudice subi par Mohamed sont grands pour qu’il puisse réclamer des dommages et intérêts.
Quels préjudices peut-il réclamer à titre de réparation ? Le préjudice psychologique doit être énorme, on peut aisément imaginer sa souffrance morale à la suite de l’assaut des policiers qui vont le mettre au secret pour plusieurs jours sous la suspicion de terrorisme et sur le plan physique, il est clair que l’invalidité due à son bras immobilisé l’a rendu incapable de travailler ou d’avoir une quelconque activité scolaire.
Abdellatif El Azizi