Permission pour un soldat accusé d’avoir achevé un Palestinien
Un soldat israélien inculpé d'homicide pour avoir achevé un assaillant palestinien blessé a bénéficié de deux jours de permission pour célébrer en famille la Pâque juive, a annoncé vendredi l'armée. Filmé en train d’abattre un homme immobile à terre, le soldat franco-israélien bénéficie cependant de nombreux soutiens après son geste.
En famille pour Pâques
Le soldat de Tsahal, Elor Azria, était confiné dans sa base depuis son arrestation. Il a cependant été « été libéré vendredi pour se rendre chez lui à l'occasion de la fête de Pessah », qui débute ce 22 avril. Il devra être de retour dans sa base dimanche matin, a précisé l'armée dans un communiqué. Âgé de 19 ans et détenteur également de la nationalité française, le soldat a été accueilli en « héros » et porté sur les épaules par les membres de sa famille et des habitants de Ramleh, sa ville d'origine située au sud de Tel-Aviv, selon des témoins.
Son cas divise profondément les Israéliens, entre ceux qui plaident pour le respect par l'armée de valeurs éthiques comme l'usage proportionnel de la force et ceux qui au contraire défendent le militaire en invoquant la multiplication des attaques palestiniennes. Mardi, des milliers d'Israéliens avaient manifesté à Tel-Aviv pour soutenir Elor Azria. Un sondage révèle que 57% des Israéliens pensent que le soldat n’aurait pas dû être arrêté, et une pétition en ligne appelant même à lui décerner une médaille a recueilli plusieurs dizaines de milliers de signatures.
Lundi, le soldat a été inculpé d'homicide par la justice militaire et non pour le crime plus grave d'assassinat. Il est accusé d'avoir achevé d'une balle dans la tête, le 24 mars, un Palestinien blessé et à terre qui avait auparavant attaqué des soldats au couteau à Hébron. Une autopsie a établi que le coup de feu tiré par le soldat avait été fatal à l'assaillant palestinien de 21 ans.
Nombreux soutiens et condamnations prudentes de la classe politique
Les faits ont été documentés par une vidéo qui s'est propagée comme une trainée de poudre sur les réseaux sociaux le jour même de l'affaire. Elle montre clairement que le Palestinien immobile et ne représentait plus le moindre danger pour les soldats et les infirmiers alentour. Elor Azria a été inculpé pour avoir enfreint les consignes de tirs en ouvrant le feu « sans justification opérationnelle alors que le terroriste était blessé à terre et ne présentait aucun danger », selon l'acte d'accusation.
Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Moshé Yaalon ont réprouvé l'acte du soldat, alors que les hommes politiques d'extrême droite ont appelé à sa libération. Face à la fronde de son propre camp, le chef du gouvernement a rectifié le tir en estimant que « remettre en cause la moralité des forces de défense israéliennes est scandaleux ».
Pour l’avocat de l’accusé, « il a agi comme nous serions en droit de l’attendre d’un soldat lorsqu’il voit un terroriste ».
Rached Cherif