Dans la rue, le bras de fer entre pro et anti régime syrien continue

 Dans la rue, le bras de fer entre pro et anti régime syrien continue

Manifestante anti régime. Photo Seif Soudani / LCDA


Tunis – Alors qu’un second round de manifestations avait lieu samedi 7 mai, Avenue Habib Bourguiba, contre les frappes qui continuent de viser la ville syrienne d’Alep où Bachar al Assad dit désormais vouloir « la victoire finale », une étrange contre-manif, pas tout à fait improvisée, a chassé les anti régime des abords du Théâtre municipal. Explications.




 


Pour la deuxième fois en 72 heures, des jeunes Tunisiens et Syriens se sont rassemblés dans la capitale, bravant le mauvais temps et la pluie, pour dénoncer l’indifférence dans laquelle « Alep brûle », nom éponyme de la campagne qui trouve un écho plus grand sur les réseaux sociaux que dans la rue où l’état d’urgence est toujours en vigueur.


Mais très vite, ils sont débordés par des provocateurs cette fois visiblement mieux organisés que lors de la précédente manif, et donc venus manifester en faveur des frappes contre les civils, du moins pour soutenir le régime baathiste qu’ils disculpent de tout bombardement, et ce contre toute évidence.


Une propagande complexe, orchestrée depuis Alger     


Dans sa dépêche, l’agence officielle tunisienne TAP décrit simplement « un mouvement de protestation à Tunis contre le terrorisme takfiriste observé dans une ambiance de tension », sans plus de précisions. Il s’agit en réalité de la contre-manifestation en question. Ses organisateurs sont présentés comme appartenant à la « Ligue tunisienne pour la tolérance ».


Selon le témoignage de Nour Kasmi, une manifestante anti régime, il s’agissait de militants proches du Hezbollah, du Front Populaire et de nationalistes adeptes des théories de la conspiration. Parmi leurs affiches brandies ce jour-là, un portrait de Ban Ki-moon muselé, des drapeaux du régime syrien (drapeau non reconnu par l’opposition depuis 2011), et des slogans fleuves « mort à l’Amérique », « mort à Israël »…


Les forces de l’ordre ont laissé faire dans un premier temps, pour ensuite faciliter l’installation des pro régime sur l’escalier du Théâtre municipal, théâtre en l’occurrence d’une mise en scène diplomatique.


Une source de l’opposition syrienne nous a en effet assuré avoir vu le 5 mai l’ambassadeur syrien en Algérie à Tunis, « venu spécialement pour s’entretenir avec les Chabbiha (soutiens du régime, ndlr) et leur donner des instructions en ce sens, afin de perturber tout mouvement de solidarité avec Alep.


Ce chassé-croisé du weekend montre quoi qu’il en soit à quel point la propagande de Damas et de Moscou, relayée notamment par les chaînes al-Manar et Russia Today, réussit bien que grossière à séduire les uns et dissuader les autres de manifester par crainte de représailles. C’est l’un des effets du pourrissement d’un conflit qui n’a que trop duré.


 


S.S