Vers une réforme du service militaire

 Vers une réforme du service militaire

Farhat Horchani


« Il va falloir réviser le cadre juridique réglementant le service militaire », aussi appelé « service national » en Tunisie, a déclaré jeudi 26 mai le ministre Défense nationale Farhat Horchani, juriste de formation, préparant ainsi les esprits à la professionnalisation tardive de l’armée.




 


La rencontre avait pour but notamment de passer en revue les expériences d'autres pays en l'occurrence l'Algérie, l'Egypte et la France concernant le service national.


« Le service national est la pierre angulaire du dispositif de défense nationale et de la consécration de la foi militaire ». C’est en ces termes que le ministre ouvrait la voie à la nécessité d’un débat sur un sujet que les Tunisiens sont habitués à n’aborder que du point de vue des rafles dans les cafés et les aéroports, ou encore du temps de la dictature où la mobilisation forcée était monnaie courante.


Cette révision doit être conforme aux dispositions de la Constitution et tenir compte du contexte sécuritaire, social et économique ainsi que des attentes des jeunes, de leurs aptitudes au service actif et des exigences du marché du travail, a souligné le constitutionnaliste de formation Farhat Horchani, à l’heure où en Occident et ailleurs, l’ensemble des armées sont professionnelles depuis plusieurs décennies, y compris dans les pays en guerre.  


Le ministère de la Défense s'attèlera à la mise en place de nouveaux mécanismes pour le service national, a ajouté Horchani à l'ouverture d'une rencontre consacrée au sujet du service militaire. Le taux d'enrôlement dans l'armée a diminué durant ces dernières années. Il n'a pas dépassé les 1500 personnes, malgré la recrudescence du phénomène du terrorisme et les diverses campagnes télévisées.


Seuls ceux qui répondent aux critères physiques, légaux, et de culture générale, seront recrutés dans l'armée après avoir accompli leur service militaire.


« La raison en est le peu d'engouement de la part des jeunes pour le service national et le faible pourcentage de l'enrôlement volontaire », contrairement à la perception de ce même taux après chaque attentat.


 


Certains jeunes considèrent le service national comme une sanction en l'absence de sensibilisation et de communication, a regretté le ministre. « D’où la nécessité de réfléchir sur de nouvelles formes pour l'accomplissement du service militaire en phase avec la situation économique et sociale du pays et des défis de développement », dans un pays où les soldats mobilisés ne touchent qu’une indemnité mensuelle dérisoire de 200dt pour les incorporés titulaires d’un diplôme du supérieur, et de 100dt pour les non titulaires de diplômes, selon un dernier décret datant de 2011.


Aux Etats-Unis, une prime de 20 à 40 mille dollars est allouée aux enrôlés en âge de rejoindre l’armée US (18 à 35 ans).


Récemment l’association « Médecins contre la dictature » a proposé de réformer l’article 52 du code pénal afin de remplacer la peine d’1 an pour consommation de cannabis en 1 an de service militaire. Voilà qui n’est pas pour changer le cliché de la sanction inhérent au service national.


 


Seif Soudani