Affaire Benzema : Des accusations de racisme qui font couler beaucoup d’encre

 Affaire Benzema : Des accusations de racisme qui font couler beaucoup d’encre

Karim Benzema / AFP


 


Suite à une interview pour le quotidien espagnol Marca dans laquelle Karim Benzema a déclaré que le sélectionneur Didier Deschamps "a cédé à la pression d’une partie raciste de la France" en ne le retenant pas pour l’Euro 2016, politiciens, artistes et sportifs de tous bords réagissent.


 


La semaine dernière déjà, Eric Cantona a affirmé que c'était l'origine nord-africaine du buteur madrilène Karim Benzema et Hatem Ben Arfa, meilleur joueur de la ligue 1, de la liste des titulaires qui aurait poussé Didier Deschamps "au nom qui sonne bien français" à les écarter.


De même pour Jamel Debbouze qui a exprimé sa déception du choix du sélectionneur, lors d’une interview pour France football. Pour lui ces deux joueurs, notamment, "payent la situation sociale de la France d’aujourd’hui".


Des déclaration qui ont fait bondir l’ancien président de SOS Racisme et actuel député PS de l’Essonne, Malek Boutih, qui évoque un dérapage de la part du comédien.


Le directeur général de la ligue de Football Professionnel (LFP), Didier Quillot, s’est déclaré solidaire de la Fédération française de football et a accordé son soutien total au sélectionneur tout en affirmant que pour lui : "La seule couleur de l’équipe de France, c’est le bleu".


Seulement depuis l’interview de l’attaquant du Real Madrid les réactions se sont enchaînées et concentrées sur ce dernier. Ce jeudi, Mourad Boudjellal, a quant a lui été beaucoup plus catégorique. Selon lui, Karim Benzema, par ces paroles, appelle à la révolte. Pour le président du Rugby Club toulonnais,  ce type de discours risque même de se transformer en "fonds de commerce des recruteurs de Daesh".


Les hommes politiques se sont aussi prononcés sur l’affaire. Mercredi la députée LR, Nathalie Kosciusko-Morizet a déclaré sur France Info que : "La question de la discrimination et du racisme sont des sujets sérieux et n'ont pas à être instrumentalisés dans un conflit personnel".


De même l’ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy a dit trouver les propos du joueur "insupportables" et a réaffirmé ce qu’il appelle : la souveraineté du sélectionneur dans ses choix. 


L’ancien président de la république a lui aussi réagi  à l’affaire Benzema en accusant François Hollande d’avoir flatté les communautarismes au point que pour lui aujourd’hui : "on ne peut plus parler d'islam sans être islamophobe, d'immigration sans être raciste et d'Europe sans être europhobe". Ainsi, il déplore totalement les déclarations qui lui semblent insensées de Benzema, de Jamel Debbouze et de celui qu’il appelle "ce pauvre monsieur Cantona".


Les élues front national Marine Le Pen et Marion Maréchal-Le Pen ne se sont pas retenues non plus et ont fustigé ces propos, scandaleux, pour la présidente du parti. Marion Maréchal-Le Pen suggère même à Benzema de "jouer pour son pays s’il n’est pas content", faisant référence aux origines algériennes du joueur.


Le député socialiste, Benoît Hamon, est allé à l’encontre de ces précédentes  déclarations et s’est montré plus nuancé : il  pense que "Benzema a raison de dire que nous sommes dans un pays où le racisme augmente". Il déplore "un climat, aujourd’hui, qui amène beaucoup de Français, hélas, à se choisir un bouc-émissaire. » Et conclut-il : "les boucs-émissaires ont toujours, toujours, toujours la même tête".


De même que les politiques, d’actuels ou anciens joueurs de foot ont été interrogés sur la question. Pour l’ancien défenseur de l’EDF, Lilian Thuram, "le discours de Karim Benzema le déresponsabilise". "En ce moment, il faut protéger l'équipe de France, Benzema dit qu'il l'aime, mais il l'aime mal", ajoute-t-il.


Pour Kingsley Koman, l’idée d’un racisme en équipe de France "c’est du n’importe quoi".  Le joueur du PSG ainsi que le coéquipier madrilène de Benzema, Antoine Griezmann, ont été beaucoup plus évasifs sur le sujet, qui, disent-ils, n’est pas au centre de leurs préoccupations, alors qu’ils s’entrainent pour l’Euro en Autriche.


Dans tout ce tumulte, comme pour répondre à ses détracteurs, le buteur madrilène publie sur Instagram une photo de lui face à son ordinateur, légendée : "Force tranquille".


 


Amina Chagar