Banderole pour Barghouti : le maire de Stains attend du soutien pour son procès

 Banderole pour Barghouti : le maire de Stains attend du soutien pour son procès

Azzedine Taibi


 


Du monde pour le soutenir. Voilà ce qu’espère Azzedine Taïbi, le maire communiste de Stains. Ce mardi 14 juin, à 9h, il sera jugé devant le tribunal administratif de Montreuil (93).


 


Son tort ? Avoir refusé d’enlever du fronton de sa mairie une banderole en soutien à Marwan Barghouti, le plus célèbre prisonnier politique palestinien. Une banderole qui est affichée depuis 2009 sans avoir jamais dérangé personne, où on voit le «Mandela Palestinien » menotté, les bras en l'air….


Il faut attendre 2014 et… quelques mois après l’élection d’Azzedine Taïbi à la tête de Stains, pour que Julien Mugerin, chef de l'opposition municipale, décide d’intervenir auprès du préfet de Seine-Saint-Denis (qui lui donne raison) pour lui demander la désinstallation de la banderole.



« La prise de position de la ville constitue un frein pour le vivre-ensemble à Stains, si fragile dans une ville aussi riche de diversité : en important le conflit israélo-palestinien sur le territoire », se justifie alors l'élu UMP. Ce dernier estime que l’affichage de cette banderole est de nature à alimenter « une montée en puissance de l'antisémitisme et du communautarisme présents à Stains ». Un discours « tendance », qui rappelle un peu celui du Premier ministre Manuel Valls qui tente de faire passer tous ceux qui critiquent la politique coloniale du gouvernement israélien pour de vulgaires antisémites. Lui qui fut pourtant pendant longtemps un ardent défenseur de la cause palestinienne, quand il était maire d’Evry (91), entre 2001 et 2012. Des arguments qu’a toujours contesté ardemment Azzedine Taibi. « La banderole est présente depuis 2009 et il n’y a jamais eu aucun incident », a rappelé plusieurs fois l’édile au Courrier de l’Atlas. « Nous sommes ici dans un débat d’idées et rien d’autre. Notre initiative est largement soutenue par les habitants. Les gens sont plutôt contents de voir que la municipalité affiche son soutien à ce prisonnier politique, emprisonné en Israël», avait encore souligné le maire de Stains.


En 2002, Marwan Barghouti, député et président du groupe d’amitié Palestine-France au parlement palestinien est condamné  par un tribunal militaire israélien, illégal au regard du droit international, à cinq peines de perpétuité pour son implication présumée dans des meurtres visant des civils israéliens. Un « procès jugé non équitable », comme le souligne un rapport de la commission des droits de l'homme de l'Union interparlementaire (l'organisation mondiale des Parlements des États souverains, NDLR). Depuis qu'il est en prison, Marwan Barghouti a reçu le soutien de huit prix Nobel, dont Jimmy Carter et Desmond Tutu, ainsi que de plusieurs personnalités parmi lesquelles on compte Eva Joly, Guy Bedos, Michel Rocard, Rony Brauman, Gisèle Halimi, ou encore Pierre Tartakowski, ancien président de la Ligue des droits de l’Homme et Jean Ziegler, membre du Comité consultatif du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies. Récemment, des parlementaires britanniques ont demandé au parlement israélien la libération de Marwan Barghouti, une demande reprise par l'Egypte. Le prix Nobel de la paix argentin, Adolfo Perez Esquivel ainsi que des parlementaires belges ont proposé d’attribuer cette année le prix Nobel de la paix au prisonnier palestinien.


En France, une vingtaine de municipalités ont fait de Marwan Barghouti un citoyen d’honneur.


Malgré les demandes répétées du préfet de Seine-Saint-Denis, le maire de Stains refuse donc de retirer la banderole. Le préfet décide de saisir la justice. Azzedine Taibi se rend au tribunal administratif de Montreuil le 21 mars dernier pour une première audience qui fixe la date de son procès au mardi 14 juin à 9h. Sommé par la cour d’appel de Versailles, Azzedine Taïbi est contraint d’enlever la banderole le 25 mai dernier en attendant le jugement définitif, « sous peine de pénalités financières journalières ». Le maire de Stains décide alors d'en afficher une autre à la place, cette fois-ci, sans le visage de Marwan Barghouti, mais avec un texte de soutien au peuple palestinien…..


Les déboires d’Azzedine Taïbi ne s’arrêtent pas là. Fin avril 2016, une autre plainte est déposée par le Bureau National de Vigilance contre l’Antisémitisme (BNVCA) à son encontre pour « apologie publique d’un acte terroriste ». Le 10 mai, Azzedine Taïbi est entendu au commissariat du 13ème. Le maire de Stains attend toujours de savoir si le procureur de la République va donner suite à cette énième plainte. 


Azzedine Taïbi subit donc un réel acharnement qui dépasse tout entendement, surtout quand on se rappelle que Valenton et Auxerre sont allés « plus loin » dans leur soutien à Marwan Barghouti en inaugurant respectivement dans leurs villes une rue et une place en hommage au prisonnier palestinien. Aucun des deux maires n’a pourtant été traduit devant la justice.  On oublierait presque la banderole demandant la liberation de Marwan Barghouti affichée depuis 2013 sur le fronton de la mairie de Saint-Pierre des Corps, une banlieue de Tours. Là encore, le préfet local n'a pas obligé le maire à l'enlever. « Mais le maire de Stains s’appelle Azzedine », lâchent plusieurs Stanois excédés.  « Je n’ai pas envie d’y croire. Si c’est le cas, ça serait très grave : on serait tombé bien bas », répond Azzedine Taïbi à ces allégations. 


 


Nadir Dendoune


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