« Algé-Reine » : l’auteur Gyps célèbre la femme algérienne et ses combats

 « Algé-Reine » : l’auteur Gyps célèbre la femme algérienne et ses combats

Gyps


 


C'est dans l'atmosphère apaisée de la librairie de l'Institut du monde arabe que le bédéiste algérien Gyps est venu à la rencontre de ses lecteurs. Afin de faire découvrir son nouvel album « Algé-Reine », l'auteur était en séance de dédicace tout le samedi après-midi (2 juillet). Tout un album consacré à la situation de la femme en Algérie en particulier, mais également au Maghreb et par extension, dans le monde arabe.


 


Combat féministe


Le ton est donné dès la couverture de l'album : la scène montre trois femmes qui se font « embêter » dans le bus. L'une se cache les yeux, l'autre les oreilles et la dernière ne se laisse pas faire : « La seule qui refuse et qui proteste, c'est elle l'Algé-Reine. Celle qui refuse de se laisser soumettre à la loi des hommes » glisse Gyps en souriant.


Si une première partie s'intéresse aux thèmes dont on parle beaucoup en France comme le voile ou l'islamisme, la deuxième partie de l'album est plus centrée sur l'historique du combat féministe en Algérie. Un thème sur lequel l'auteur travaillait déjà à la fin des années 80 lorsqu'il avait été contacté par des associations féministes algériennes pour des dessins : « Ce sont mes premières prises de conscience sur le code de la famille etc…


Aujourd'hui, il y a eu quelques révisions au niveau du code de la famille mais la femme est toujours considérée comme mineure et dépendante de son mari, ça n'a pas beaucoup changé. Il reste beaucoup de choses à faire, mais c'est vrai que nous sommes des sociétés machistes ».


 


Censure


Concernant l'accueil d' « Algé-Reine » en Algérie, de l'aveu même de l'auteur, on ne peut pas s'appuyer sur des données chiffrées mais uniquement sur des retours du public. « Mais ce qui est très drôle en Algérie c'est que les dessins, même si ce ne sont pas des nus, ils sont floutés » s'amuse Gyps. Une situation qui interpelle le bédéiste.


D'ailleurs ce dernier n'hésite pas à interpeller le censeur directement dans l'album mais surtout, il s'indigne d'une certaine hypocrisie : « L'imprimeur refuse le nu. Je pourrais écrire un texte pornographique, ça sortirait. De toute façon il n'aurait pas lu donc ça sortirait. Il ne lit pas mais il voit les images, avec son œil exercé, il ne laisse rien passer ». Un constat dont Gyps nous fait part mi-amusé, mi-atterré mais l'important pour ce dernier c'est que l'album sorte et que son message soit diffusé.


 


F. Duhamel