L’Europe renforce (encore) sa sécurité en mer Méditerranée
Rendre les frontières européennes encore plus hermétiques. Voici la réponse apportée par l’Union Européenne pour faire baisser le nombre de morts en méditerranée. La campagne associative Frontexit dénonce un renforcement de l’agence Frontex, chargée de la sécurité aux frontières, par la validation d’un nouveau mandat par le parlement européen la semaine dernière (6 juillet). Migrants et réfugiés ne sont clairement plus les bienvenus en Europe.
Pas d’amélioration
Faire du neuf avec du vieux en injectant tout de même une « petite » rallonge budgétaire. L’agence Frontex et les autorités de gestion des frontières nationales vont fusionner pour créer l'agence européenne de garde-côtes et gardes-frontières. La forme change mais le fond reste le même, cette nouvelle entité sera chargée de surveiller la Méditerranée et repousser les migrants. Pour garantir l’efficacité des missions de Frontex, l’UE a annoncé un budget de près de 240 millions d’euros pour 2016. Un budget en constante augmentation depuis la création de l’agence, il y a maintenant dix ans. Mais pour quels résultats ? Au premier semestre 2016, selon les estimations de l’Organisation Internationale sur les Migrations, 2859 personnes ayant tenté de rallier l’Europe sont mortes en mer, soit quasiment le double comparé aux chiffres premier semestre 2015.
Nouvelle force d’expulsion
Parmi les nouvelles compétences accordées par le nouveau mandat de Frontex, la mise en place d’ « un rôle accru dans l’expulsion des personnes sans droit au séjour en Europe » et facilitation d’obtention des documents administratifs à cette fin. A noter également, la possibilité pour l’agence de collecter les données personnelles et de les transmettre à Europol « dans le cadre de la lutte contre le crime transfrontalier, le crime organisé, et la lutte anti-terroriste ». Des procédés qui renforcent encore la stigmatisation des migrants et demandeurs d’asile. Toutes ces mesures montrent malheureusement la réelle volonté des Etats-membres, qui n’est pas d’accueillir dignement les migrants mais bien de les repousser. Pour Marie Martin, membre de Migreurop et de la campagne frontexit, se trompe : « Tout ceci illustre un consensus au niveau européen sur les solutions qui doivent être apportées à une soit disant crise migratoire alors qu'il n'y en a pas, c'est une crise politique » (FPP, juillet 2016). Une crise politique en forme d’épreuve pour une Union Européenne qui commence à se fissurer en mettant au second plan le respect des droits fondamentaux pour les demandeurs d’asile.
Ferdinand Duhamel