Paris-plage s’ouvre « avec du sang sur son sable »
Pour la 15e année consécutive, Lafarge France et Paris plages renouvellent leur partenariat du 20 juillet au 4 septembre. L’entreprise accusée dans la presse de s’être associée au groupe Daech durant un an en Syrie, continue de fournir le sable de l’évènement parisien qui rend hommage cette année à la Tunisie, et notamment aux victimes des attentats de Sousse et Tunis.
Le coup d’envoi de la 15ème édition de Paris Plages a été donné ce mercredi 20 janvier. Jusqu’au 4 septembre, la capitale prends des airs de ville balnéaire, avec ses plages artificielles et ses centaines d’animations et d’activités gratuites. Nul doute que l’évènement devrait attirer énormément de monde, l’été dernier, plus de 4 millions de visiteurs en avaient profité.
Cette année Paris Plages se met aux couleurs de la Tunisie pour rendre hommage à un pays ami, particulièrement affectée par les attaques terroristes. Plusieurs évènements sont organisés dans ce sens comme cette partie de la voie George Pompidou qui se transformera du 20 au 24 juillet en « Quai Jasmin » afin de promouvoir une destination désertée par les touristes depuis les attentats. Fin 2015, le groupement professionnel du tourisme Conect indiquait que 270 hôtels sur les 570 référencés en Tunisie avaient fermé leur porte…
Cette mise à l’honneur réjouit la Tunisie, comme l’a indiqué Bouraoui Limam, responsable de communication à l’ambassade de Tunisie à Paris, à nos confères de la TAP, « le cœur de la capitale française battra au rythme de l’été tunisien ».
Un bel évènement, et une belle initiative, ternit par un partenariat qui fait polémique. Pour la 15ème année consécutive Lafarge France va fournir le sable de Paris Plages. Cette année, ce sont 3500 tonnes de sable qui ont été acheminées par voie fluviale depuis la carrière de Bernières-sur-Seine (Eure). Rien de choquant sauf qu’il y a quelques semaines le journal Le Monde a publié une vaste enquête qui accuse l’entreprise française d’avoir travaillé avec Daech en Syrie en 2013 et 2014. Selon le journal, le cimentier Lafarge a tenté de faire fonctionner « coûte que coûte » son usine en Syrie entre 2013 et 2014 « au prix d’arrangements troubles et inavouables avec les groupes armés environnants, dont l’organisation Etat islamique ».
Daniel Simonnet, élue Front de Gauche au Conseil de Paris, est montée au créneau réclamant au gouvernement « l’ouverture d’une enquête sur Lafarge après les révélations du monde sur sa collaboration avec Daech ». Appelant au boycott de l’entreprise, l’élue a déclaré, « le sable que nous allons mettre sur les plages porte du sang. On ne peut pas cautionner ça ».
Une polémique à laquelle la mairie de Paris a répondu par le silence préférant renouveler son partenariat avec l’entreprise française malgré les accusations.
Quelques jours après le terrible attentat de Nice, voilà un choix qui n’a pas fini de faire parler.
Jonathan Ardines