Migrants : Énième évacuation du campement Jean Jaurès à Paris

 Migrants : Énième évacuation du campement Jean Jaurès à Paris

Campement Jaurès le 13 juillet avant son évacuation. Photo Pierre Henry


Le camp de migrants dit Jean Jaurès à Paris a été démantelé par la police vendredi matin. Il s’agissait d’une énième reconstitution de ce campement entre les stations de métro Jaurès et Colonel Fabien, à cheval sur les Xe et XIXe arrondissements. Il a fait l’objet de 25 évacuations depuis un an.


 


Afghans, Irakiens, Érythréens fuyant la guerre


Allongé entre deux tentes colorées, Aryaan, 25 ans, l'un des 800 migrants installés sous le métro aérien, tente de se reposer. Ces derniers jours, avec la chaleur et la promiscuité, la situation s'est tendue dans ce nouveau campement sauvage du Nord parisien. « Ici, tout est un problème », expliquait il y a quelques jours cet Afghan arrivé de son pays il y a un mois et demi. « Pas de douche, pas de toilettes, pas de nourriture », liste en anglais cet étudiant en mathématiques aux yeux bleus, qui dit avoir fui Kandahar à cause des jihadistes et des Talibans.


Au fil des jours, le campement composé en majorité d'hommes de 20 à 40 ans, venus pour la plupart d'Érythrée, de Somalie ou d'Afghanistan, s’était aussi étendu sur les trottoirs du Quai de Jemmapes, de l'autre côté du boulevard de la Villette. Les difficultés de ravitaillement ont provoqué plusieurs échauffourées entre migrants, nécessitant par moments l’intervention de la police.


 


Campement insalubre au cœur de Paris


Les policiers étaient également intervenus mardi matin pour libérer l'accès à une plateforme d'enregistrement d'accueil des demandeurs d'asile gérée par l'association France terre d'asile dans le quartier. Pierre Henry, le président de l’association a fait part de son « épuisement devant ce système absurde qui fait du trottoir parisien un lieu de transit », au moment de l’évacuation tôt vendredi matin.


« Le camp prospère dans l'odeur de pisse et de crasse. Les immondices s'amoncellent. Migrants et réfugiés me regardent avec tranquillité. J'ai juste envie de pleurer », écrivait M. Henry le 13 juillet sur Facebook. Il regrettait notamment la limite imposée par la préfecture pour l’enregistrement des demandes d’asile par son organisation.


« Sur le plan humain, sanitaire et sécuritaire, la situation est désastreuse », s'alarmait de son côté François Dagnaud, maire socialiste du 19e arrondissement. Avec son homologue du 10e arrondissement, il avait demandé une mise à l'abri d'urgence le 11 juillet dans un courrier aux ministres du Logement et de l'Intérieur, Emmanuelle Cosse et Bernard Cazeneuve.


Rached Cherif