Mécanique des flux : un documentaire pour dénoncer la forteresse Europe
Dans les médias, ils ne sont souvent que des chiffres, voire des ombres ou des silhouettes que l’on aperçoit sautant une barrière ou pris en charge par les services de secours en mer. Les migrants sont des objets médiatiques, mais rarement les sujets. La Mécanique des flux de Nathalie Loubeyre replace ses hommes, femmes et enfants au centre de l’image pour leur donner une parole et un visage. Le documentaire est depuis peu en précommande sur un site de financement participatif.
Fidèles à leur démarche initiale, les auteurs de la Mécanique des flux ont choisi le crowdfunding (financement participatif) pour lancer la distribution du film. L’œuvre, filmée et montée, n’attend plus que sa diffusion, expliquent-ils. Un appel aux internautes est donc lancé pour « le rendre disponible au public pour sa sortie nationale prévue en France pour le 31 août 2016 ». L’objectif est modeste : 2 174 € à collecter d’ici cette date.
Le film, tourné « aux points clés des routes migratoires de l'Europe forteresse », donne la parole à tous ceux qui sont « improprement appelés “clandestins” ». En réalité des humains fuyant guerre, misère et autres persécutions à la recherche d’une vie meilleure pour eux et les leurs. En route pour une vie meilleure, ils racontent dans ce documentaire « la violence qui se cache derrière l'euphémisme de “contrôle des flux”, exercé par les gouvernements nationaux et l'Union Européenne (…) Une violence qui s'exerce sur des hommes, des femmes et des enfants et qui révèle l'un des visages de l'Europe d'aujourd'hui ».
Nathalie Loubeyre et son équipe sont loin d’être des néophytes de la question migratoire. Dans « No comment », sorti en 2008 et déjà réalisé à l’époque avec Joël Labat à la prise de vue, filmait sans commentaire la réalité de la vie des migrants à Calais entre la répression policière et les soutiens militants. Le film avait reçu le Grand Prix du documentaire de création au Festival international du film des Droits de l’Homme l’année suivante. En 2012, avec « À contre-courant », la même équipe veut attirer l’attention sur les milliers de personnes mortes dans l’indifférence en Méditerranée. Finalement traduit dans cinq langues, le film est projeté en Tunisie, au Maroc, en France et en Italie lors de nombreux festivals consacrés à la thématique migratoire.
Rached Cherif