Le contrôle d’une estivante ôtant sa tunique sur une plage de Nice crée l’indignation
Les photos d'un contrôle de police municipale effectué sur une plage de Nice à l'encontre d'une estivante portant un petit turban noué sur la nuque et ôtant sa tunique à manches longues suscitent une large indignation sur internet depuis leur publication par des journaux britanniques.
« Humiliation », « honte »
Mises en ligne mardi soir, les photos montrent quatre policiers municipaux en train de contrôler une dame assoupie au soleil sur les galets d'une plage de la Promenade. Elle porte un foulard turquoise et blanc noué au-dessus de la nuque et une tunique de même couleur à manches longues, qu'on la voit ensuite enlever sous l'oeil des policiers, sans qu'on sache si elle obéit à un ordre ou agit de sa propre initiative.
Nice fait partie des nombreuses communes de la Côte d'Azur qui ont interdit sur leurs plages publiques des tenues ne respectant pas la laïcité. Selon la mairie de Nice, une quinzaine de femmes ont été verbalisées depuis le début de la semaine. La mairie n'était pas immédiatement en mesure de préciser si la femme au turban turquoise figure parmi elles.
Les images du contrôle de cette femme ont suscité un déluge des réactions d'internautes dénonçant « une humiliation » et « une chasse au voile » leur faisant « honte » ou leur donnant la « haine ». « Ils veulent lui retirer ses vêtements. Mais qu'ils retirent leurs uniformes ! La police de la honte », a réagi Marwan Muhammad, le président du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) qui a attaqué en justice les arrêtés municipaux avec la Ligue des droits de l'homme.
Le CFCM demande à être reçu d’urgence par Cazeneuve
Pour la militante Sihame Assbague, retwittée plus de 7 000 fois, la scène ridiculise la France : « Ça va jusqu'à déshabiller des femmes sur la plage. Risée du monde que vous êtes ». « J'ai tellement honte », commente aussi la féministe française Caroline De Haas.
Le tribunal administratif de Nice a validé à deux reprises ce type d'arrêté, en attendant un avis du Conseil d'État. La plus haute juridiction administrative française se penchera jeudi sur l'arrêté « anti-burkini » de Villeneuve-Loubet avec pour délicate mission d'évaluer, une fois pour toutes, la légalité de ces interdictions controversées.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a demandé mercredi à être reçu en « urgence » par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, alors qu'enfle la polémique née des arrêtés anti-burkini adoptés dans certaines communes du littoral. L’association « s'inquiète de la tournure prise par le débat public » autour du burkini, indique son président Anouar Kbibech selon un communiqué, qui évoque le cas de la femme « verbalisée sur la plage de Cannes alors qu'elle portait un simple foulard en accompagnant juste ses enfants ».
Rached Cherif