Une semaine en l’honneur des Chibanis
Quelle reconnaissance pour les Chibanis ? La première génération de travailleurs immigrés d’après-guerre, n’a jamais obtenu la considération et la reconnaissance qui leur est due, et ce, malgré les nombreux discours et promesses des politiques. Du 1er au 9 octobre 2016, à l’occasion de la semaine Bleue, semaine nationale des personnes âgées, la ville de Montreuil entend mettre en lumière cette frange de la population française laissée dans l’invisibilité.
Héros
Afin de sensibiliser l’opinion sur la contribution des seniors, et notamment des Chibanis, à la vie économique, sociale et culturelle, la ville de Montreuil organisera, du 1er au 9 octobre prochain, des rencontres, des débats, autour de films, d’expositions, de théâtre… Parmi les temps forts de la semaine, la projection du film « Perdus entre deux rives, les Chibanis oubliés » de Rachid Oujdi (3 octobre, 18h30) suivi d’un débat en présence du réalisateur. Autre temps fort, l’exposition du photographe Luc Jennepin : « Chibanis, la question ».
En mars dernier, le photographe réussissait le tour de force d’accrocher cette série de clichés à l’Assemblée nationale dans le cadre de la conférence « Nos chibanis bâtisseurs d’hier, sont-ils les oubliés de la République ? ». Un moment particulier que Luc Jennepin a traduit par ces mots simples et pourtant forts : « Nous sommes là parce que nous trouvons ça important ». Que la République française donne aux Chibanis, au moins autant que ce qu’elle a reçu d’eux est effectivement important.
Mission d’information
« Il faut les sortir de l’invisibilité sociale, les sortir de l’invisibilité aux yeux de la République » expliquait Alexis Bachelay (PS), rapporteur de la Mission d’Information Parlementaire « Les Immigrés Agés » entamée trois ans auparavant. Les résultats de cette mission sont encore loin d’être satisfaisants, malgré le fait que le problème semble avoir pris au sérieux par les institutions.
Près de 800 000 immigrés âgés de plus de 55 ans, 350 000 âgés de plus de 65 ans, les dénombrés, mettre des visages sur les mots, personnifier les Chibanis et leur redonner une place comme le clamait Nadia Bey, journaliste et présidente de l’association les Sans Voix, en mars dernier lors de la conférence « Nos Chibanis bâtisseurs d’hier, sont-ils les oubliés de la République ? » : « Il faut inscrire ces Chibanis dans le récit national ». Quelles sont les véritables avancées pour les Chibanis ? En 2006, Rachid Bouchareb touchait l’opinion publique avec son film Indigènes.
Dans la foulée, le président Chirac avait promis la décristallisation des pensions, pourtant, 10 ans après, les pensions militaires restent désespérément gelées depuis les années 50.
Malgré quelques soubresauts, la question de la reconnaissance des Chibanis reste malheureusement sans écho.
F. Duhamel