Lutte anti-terroriste : peines de mort et coup de filet dans la capitale
Discrètement, la lutte anti-terroriste a aussi effectué sa rentrée sur les plans judiciaire et sécuritaire. Ainsi plusieurs condamnations à mort ont été prononcées dans l’affaire de l’attaque du domicile de l’ancien ministre de l’Intérieur Lotfi Ben Jeddou, tandis que des perquisitions musclées ont ciblé les faubourgs défavorisés de Tunis.
Rares surtout depuis la révolution, plusieurs condamnations ont été prononcées par la justice tunisienne dimanche 2 octobre 2016 à l’encontre de plus d’une soixantaine d’accusés appartenant à une cellule djihadiste de Kasserine, dans l’affaire de l’attaque qui avait visé le domicile du ministre de l’Intérieur de l’époque, Lotfi Ben Jeddou.
Pour rappel la chambre criminelle de la Cour pénale du tribunal de première instance de Tunis avait reporté à plusieurs reprises l'examen de l'affaire d’une audace et d’une violence inédite, consistant en un mitraillage à l’arme lourde de la résidence de l’ex ministre en mai 2014 par des hommes cagoulés, dans la délégation de Citée Ezzouhour, et qui avait fait 4 morts dans les rangs de la Garde nationale.
Pas moins de 60 personnes ont été inculpées dans cette affaire : dimanche 12 d’entre eux qui avaient été capturés ont été jugés, tandis que le reste des peines ont été prononcées par contumace à l’encontre de 31 éléments considérés en cavale, reconnaît Sofiène Sliti, porte-parole du ministère public.
Parmi eux, des leaders d’Ansar al Chariaa dont Abou Iyadh, Lokmen Abou Sakhr (tous deux déjà donnés pour morts respectivement en Libye et à Gafsa), Mourad Gharsalli ou encore Habib Hajji, qui ont donc été condamnés à mort par pendaison. Les autres accusés, ont écopé de peines allant de l’acquittement à des peines de 7, 10 et 36 ans de prison, entre complices et exécutants, jugés conformément à la nouvelle loi antiterroriste promulguée fin 2015.
Dimanche toujours, les quartiers pauvres d’El Omrane supérieur, Djebel Lahmar et de Cité Intilaka, situés à l’ouest de la capitale, se sont réveillés au son des sommations des patrouilles de forces d’intervention.
Des descentes de police ont en effet été effectuées dans des locaux suspectés de trafic et de commerce parallèle, mais des témoins affirment que les checkpoints ont surtout procédé à l’arrestation de dizaines de militants salafistes « au faciès », procédant systématiquement au contrôle des véhicules jugés suspects.
Volontariste jusque l’hyper communication, le gouvernement Youssef Chahed est à son tour tenté par le tout-sécuritaire, une approche qui s’est montrée contre-productive par le passé, notamment à l’île de Kerkennah où les milieux salafistes ont profité de la crise sociale pour fédérer de nouvelles recrues parmi les jeunes chômeurs.
S.S