Décès d’un journaliste gréviste de la faim
Le journaliste freelance Mohamed Tamalt est mort suite à des complications provoquées par une grève de la faim enclenchée au lendemain de son arrestation à Alger, le 27 juin dernier. Ses avocats ont dénoncé « un crime commis par l’autorité judiciaire ».
Arrêté puis jeté en prison il y a plus de 5 mois pour offense à la personne du président de la République, le journaliste Ahmed Tamalt, est décédé hier dimanche à l’hôpital Lamine Debaghine (ex-maillot) de Bab El Oued à Alger.
Le défunt était dans un coma profond depuis deux mois suite à la grève de la faim qu’il observait pour protester contre son incarcération. « Il était dans le coma, il y avait un verrouillage sur son dossier médical. On est au courant de rien. C’est ça le drame », s’est confié Me Amine Sidhoum, avocat du défunt, au site TSA. La défense de Mohamed Tamalt a déposé plainte contre le directeur de la prison de Koléa il y a près de deux mois après que le frère du journaliste ait remarqué des blessures sur la tête de ce dernier. Me Sidhoum et son collègue Me Mechri, ont dénoncé, dans une déclaration faites à El Watan, un « grave incident », un « précédent gravissime dans les annales de la justice » et un « crime commis par l’autorité judiciaire ».
S’expliquant dans un communiqué, l’administration pénitentiaire a imputé, elle, le décès du journaliste à une hypoglycémie et une hypertension qui lui ont provoqué une infection pulmonaire et un AVC. « Le journaliste a (…) été transféré vers l’hôpital Lamine Debaghine à Bab El Oued où il a été placé en service de réanimation et où il a subi les analyses et les radios qui ont montré qu’il a eu un accident vasculaire cérébral (…) ce qui a nécessité une intervention chirurgicale en urgence », écrit-elle.
Sur son site internet, Amnesty international Algérie a demandé aux autorités algériennes d’ouvrir une enquête indépendante, approfondie et transparente sur les circonstances de la mort du journaliste Mohamed Tamalt.
Arrêté le 27 juin dernier à son retour de l’étranger à cause de ses écrits sur son blog, jugés offensants à l’égard du président Bouteflika, le journaliste avait alors subi un long interrogatoire de la part des services de sécurité avant d’être placé en détention provisoire. Le 11 juillet, il a été déféré devant le tribunal de Sidi M’hamed (Alger) qui l’a condamné à 2 ans de prison ferme et à une amende de 200 000 dinars.
Yacine Ouchikh