Décès du journaliste gréviste de la faim : le gouvernement se lave les mains

 Décès du journaliste gréviste de la faim : le gouvernement se lave les mains

Mohamed Tamalt


Il a fallu trois jours pour qu’enfin un membre du gouvernement Sellal rompe le silence sidéral qu’il s’est imposé et réagisse sur l’affaire du décès du journaliste freelance Mohamed Tamalt des suites d’une grève de la faim qui lui a été fatale


Le ministre de la Justice, Tayeb Louh, a récusé aujourd’hui à Alger toute responsabilité  du gouvernement dans la mort du journaliste qui n’est pour lui qu’une simple affaire « médico-légale».


« L’affaire s'est déroulée conformément à la loi et s'est terminée par un décès », a-t-il soutenu, avant d’ajouter  « l'équipe médicale chargée de suivre l'état de santé de Mustapha Mohamed Tamalt, décédé dimanche 11 décembre à l'hôpital Lamine Debaghine (Alger), a fait tout son possible depuis près de 4 mois pour sauver sa vie ». Et au ministre de la Justice et garde des Sceaux de préciser : « le procureur de la République a ordonné une autopsie cadavérique et les résultats seront communiqués conformément à la loi ».


Pour lui, le communiqué de l’administration pénitentiaire rendu public le jour du décès de Mohamed Tamalt est assez « clair » pour  couper court à « toute tromperie, interprétation ou exploitation éventuelle ». Ce qui n’a pas empêché bien des parties de se poser des questions sur cette affaire.


A commencer par le Front des forces socialistes (FFS) qui a joint sa voix à celle d’Amnesty international pour sommer les autorités « de faire toute la lumière sur les circonstances du décès de Mohamed Tamalt ».


L’ancien président du RCD, Said Sadi, n’a pas été en reste en faisant sienne la revendication d’une commission d’enquête. « Il semble que des traces de violences aient été vues sur son corps ; ce qui amène des ONG à légitimement demander qu’une commission d'enquête indépendante soit immédiatement diligentée », a-t-il écrit sur sa page facebook.


Et d’ajouter :« les libertés d’opinion, d’expression et d’organisation, entrées par effraction et au prix que l’on sait dans la vie publique algérienne, apparaissent désormais comme des données urticantes dans un univers de susceptibilité politique maladive. Ceux qui se sont battus pour les arracher comme ceux qui se mobilisent pour les faire vivre doivent savoir que la mort de Mohamed Tamalt n’est pas un accident : c’est le symptôme d’une gangrène qui n’a pas fini de dégrader moralement et de mutiler physiquement la communauté algérienne ».


A l’extérieur du pays, la première réaction est à mettre sur le compte du ministère français des Affaires étrangères qui n’a pas caché sa « préoccupation». « La France a appris avec préoccupation le décès le 11 décembre du journaliste et blogueur algérien M. Mohamed Tamalt, à la suite d’une grève de la faim », a déclaré le porte-parole du Quai d’Orsay tout en réitérant l’ « attachement » de la France « à la liberté de la presse et à la liberté d’expression partout dans le monde ».


Yacine Ouchikh