Accident de train mortel : accrochage entre le président Essebsi et les journalistes
Le train de 7h30 en provenance de Tunis et direction Gaâfour a heurté tôt dans la matinée du mercredi 28 décembre 2016 un bus en partance pour Nabeul, au niveau de Djebal Jelloud, banlieue sud de la capitale. Le bus qui aurait grillé un feu rouge, est entré en collision de plein fouet avec le train qui l’a trainé sur une cinquantaine de mètres. Le bilan est très lourd : 5 morts, et des dizaines de blessés. Dépêché sur place, le président de la République a une fois de plus eu un échange tendu avec les journalistes.
Selon des témoins oculaires, le bus a été littéralement coupé en deux par le train de la SNT, alors qu'il était bondé de passagers à cette heure de grande affluence des ouvriers.
Selon un bilan préliminaire, plusieurs morts sont à déplorer à l'heure actuelle et près d’une quarantaine de blessés. Selon les autorités ferroviaires, le bilan pourrait bien s'alourdir dans les heures à venir. Le ministère de l'Intérieur a publié un communiqué pour ajouter qu'un bébé était également dans un état grave.
MAJ : A la mi-journée, les ministères de la Santé et de l'Intérieur ont publié des mises à jour afin d’informer que le bilan est passé à 5 morts, dont le bébé et deux femmes, et 37 blessés.
MAJ : En début d’après-midi, le ministère de l'intérieur a actualisé le bilan, annonçant 54 blessés. D'après des sources sanitaires, une vingtaine de victimes se trouvent dans un état grave.
Il s’agit du septième accident de ce genre en moins de deux ans. En juin 2015, un accident de train à el Fahs, région de Zaghouan, faisait 17 morts et une centaine de blessés. Depuis une longue liste de collisions en tous genres illustre l’urgence d’un programme de rénovation d’un réseau ferroviaire et routier particulièrement vétuste dans certaines régions du pays.
MAJ 19h00 : La PDG de la Société Nationale des Chemins de Fer Tunisiens Sabiha Derbel, le chef de sécurité de la SNCFT et le directeur de maintenance des passages à niveau de la société seront limogés au cours des heures à venir suite à l'accident qui a eu lieu dans la matinée de ce mercredi 28 décembre 2016 à Jbel Jloud. Cette décision a été prise au cours de la réunion de travail entre le Chef du Gouvernement Youssef Chahed et le ministre du Transport Anis Ghedira au cours de cet après-midi.
Clash avec la présidence
La scène de l’accident a par ailleurs été le théâtre d’un échange houleux entre le chef de l’Etat et des représentants de médias audiovisuels. Une fois n’est pas coutume pour un président à qui les médias reprochent un certain immobilisme, Béji Caïd Essebsi a tenu à faire le déplacement à l’Hôpital des grands brûlés de Ben Arous, précédé par une délégation de députés et de ministres dont la ministre de la Santé Samira Maraï.
A sa sortie du service des urgences, il est interpelé par une foule de journalistes (vidéo ci-dessus). Alors qu’il tient des propos généralistes et confus, commettant un lapsus très repris sur les réseaux sociaux « nous sommes en 2021 », un journaliste d’Attassia TV lui demande avec insistance « quelles mesures avez-vous prises ? ». Agacé, Essebsi lance en direction du journaliste : « qui a parlé à l’instant ? » ajoutant « vous ne devriez pas être ici ». Le président posera la même question inquisitoire « de quelle chaîne êtes-vous ? » à une autre journaliste pourtant plus courtoise.
L’incident vient s’ajouter à une longue liste d’échanges tendus entre l’homme de 90 ans et les journalistes, qui considèrent les intimidations en relation avec l’employeur et l’identité du média en question comme des pratiques archaïques issues d’un autre temps, en l’occurrence celui de l’ancien régime.
S.S