Rebondissement macabre dans l’affaire de la disparition de Sofiène Chourabi et Nadhir Guetari

 Rebondissement macabre dans l’affaire de la disparition de Sofiène Chourabi et Nadhir Guetari

Sofiene Chourabi. Crédit photo Seif Soudani / LCDA


Le ministère des Affaires étrangères a affirmé dimanche « accorder beaucoup d’intérêt aux déclarations de deux détenus libyens » à une chaîne de télévision dans lesquelles ils confirment l’exécution des journalistes tunisiens Sofiène Chourabi et Nadhir Guetari. Le premier « a été égorgé pour avoir moqué le Prophète », et le second abattu par balle par le même exécutant…



Tête rasée, le détenu qui portait une tenue de prisonnier orange, a affirmé samedi soir à cette télévision avoir été témoin de l'exécution de Sofiène Chourabi et Nadhir Ktari dans une forêt près de la ville de Derna, un ancien, fief de l'EI, dans l'est libyen.


Cependant, certains proches des deux journalistes disparus dans le nord-est libyen depuis septembre 2014 gardent encore espoir et mettent en doute ces révélations faites sur une chaîne affiliée à l’armée loyaliste du général Haftar. Il y a deux ans, au Courrier de l’Atlas nous avions alerté l’opinion sur la disparition suspecte de nos deux confrères.


Face à la pression de l’opinion publique qui accuse les autorités de laxisme dans ce dossier opaque, le ministère indique que « les mesures juridiques et diplomatiques nécessaires ont été prises » et que la coordination est en cours pour vérifier ces informations, ajoutant que le ministère de la Justice a été contacté à cet effet, probablement en vue d’une demande d’extradition ayant peu de chances d’aboutir.


Le ministère de la Justice avait envoyé dès mai 2015 le juge d’instruction en charge de l’affaire en Libye pour assister aux interrogatoires des personnes inculpées suite à l’annonce faite à l’époque par le ministère de la justice libyen du gouvernement de Tobrouk, en avril 2015, à propos de l’assassinat de Chourabi et de son cadreur.


Ce juge d’instruction n’avait alors pas pu obtenir des preuves matérielles confirmant l’exécution des journalistes tunisiens. Aujourd’hui le ministère affirme avoir mené « plusieurs contacts avec les différentes parties libyennes ainsi qu’avec des parties régionales et internationales » pour élucider l’affaire et éventuellement rapatrier les corps.


Un des terroristes libyens interrogés samedi par la chaîne privée “Libya Al Hadath” a confié que les journalistes tunisiens ont été « liquidés dans la forêt de Derna », non loin d’Ajdabiya, « l’un d’eux pour être connu pour avoir nui à l’image du prophète Mohamed et déjeuné publiquement pendant le ramadan ».


« Ces informations ne sont pas nouvelles » affirme pour sa part le porte-parole du tribunal de première instance de Tunis et du pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme. Sofiene Selliti a en effet déclaré dimanche que les aveux des deux terroristes libyens sur l’exécution des journalistes Sofiene Chourabi et Nadhir Guetari contiennent les même informations fournies, précédemment, par deux témoins égyptiens.


Ces derniers avaient confié au juge d’instruction tunisien, pendant sa présence en Libye, que les deux journalistes ont été tués et enterrés dans une ferme à Derna. Mais pour des raisons sécuritaires, il n’a pas été possible pour le juge d’instruction de se rendre dans la ferme et une commission rogatoire a été donnée aux autorités libyennes pour poursuivre l’enquête, a-t-il rappelé.


Les témoignage ne peuvent cependant être utilisés comme preuve qu’après les analyses génétiques, l’examen des corps et éventuellement une autopsie.


 


S.S