Délit de solidarité, quand aider les migrants devient répréhensible
Aider des migrants serait-il devenu un délit ? La question se pose de plus en plus devant la multiplication des arrestations et des procès faits à de simples citoyens. Après l’affaire Cédric Herrou, agriculteur et militant jugé pour avoir aidé des migrants, un autre militant, Houssam El Assimi, est accusé du même "crime". Des cas qui soulèvent de nombreuses interrogations.
Procès reporté
Fin septembre 2016, lors d’une nouvelle rafle des forces de l’ordre dans un camp de migrants et réfugiés situé avenue de Flandre, Houssam El Assimi prodiguait des conseils sur leurs droits aux personnes présentes. Ce dernier a été appréhendé, menotté, emmené au commissariat. Accusé de « rébellion et violence sur personne dépositaire de l’ordre public », il devait être jugé mardi dernier (17 janvier), mais l’audience a été reportée : « La 28e chambre [Tribunal de grande instance de Paris, NDLR] est une chambre de petites affaires et quand on leur annonce qu'on va citer trois témoins et produire des vidéos, ils font des sauts de cabris et demandent une audience où ils réserveront du temps » explique l’avocat du militant, Me Dominique Tricaud.
Ce dernier s’est dit satisfait de ce report qui permettra de juger l’affaire dans de meilleures conditions et plutôt confiant quant à son issue : « Je considère que les charges sont totalement insuffisantes et la relaxe me parait s'imposer ».
Pratiques douteuses
Le nom d’Houssam El Assimi vient allonger la liste des personnes ayant été arrêtées pour s’être solidarisées et avoir apporté leur aide aux migrants et réfugiés. La multiplication de ce type d’arrestation et les motifs invoqués posent réellement question pour l’avocat de la défense : « La technique qui consiste à criminaliser sur des infractions de droits communs des gens à qui l'on reproche des actes politiques est une technique qu'emploient toutes les sociétés, dont les démocraties lorsqu'elles sont un peu à la dérive. Une grande tradition des pays de l'Est ; en France c'est plus rare, mais ça y ressemble beaucoup (…) À tout le moins, je m’interroge ».
Le citoyen lambda n’a-t-il plus le droit d’agir quand il s’indigne d’une situation qu’il juge intolérable ? C’est une des questions que chacun est en droit de se poser suite à ce nouvel exemple. L’issue du procès donnera certainement un début de réponse…
CH. Célinain