Ghlamallah : « Boudiaf a été assassiné par ceux qui l’ont ramené »
L’ancien ministre des Affaires religieuses, Bouabdellah Ghlamallah, a publiquement accusé ceux qui ont tiré l’ancien président du HCE, Mohamed Boudiaf, d’être derrière son assassinat.
Le président du Haut conseil islamique (HCI) et ancien ministre des Affaires religieuses, Bouabdellah Ghlamallah, a dit tout haut et surtout publiquement ce que beaucoup d’Algériens pensent tout bas. Intervenant dans un Forum organisé par le journal gouvernemental Echaâb consacré à l’école algérienne, M. Ghlamallah a affirmé que l’ancien président du Haut comité d’Etat (HCE), Mohamed Boudiaf, a été tué par ceux qui l’ont tiré de son exil marocain, en 1992 au lendemain de l’arrêt du processus électoral qui avait donné le Front islamique du Salut (Fis), aujourd’hui dissous, vainqueur des élections législatives, et de la démission du président de l’époque, Chadli Bendjedid.
« Ce sont ceux qui l’ont ramené qui lui ont fait dire que l’école algérienne est sinistrée. Et quelque temps après, ils l’ont assassiné », a-t-il asséné. Les personnes qui sont derrière le retour au pays de Mohamed Boudiaf, sont les décideurs de l’époque à savoir : Larbi Belkhir (décédé), Khaled Nezzar, Mohamed Lamari (décédé), Mohamed Mediene dit 'Toufik" et Smaïn Lamri (décédé) mais aussi Ali Haroun et Sid Ahmed Ghozali.
Question : ceux qui sont visés et sont toujours en vie, Khaled Nezzar et Mohamed Mediene notamment, réagiront-ils à cette accusation, voire même ester en justice M. Ghlamallah ? Peu sûr et pour le moment, les deux derniers "Janvieristes" font les morts.
En revanche, la déclaration de l’ancien ministre des Affaires religieuses n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd et a vite fait réagir Nacer Boudiaf, le fils du père de la révolution algérienne, qui, depuis des années, n’a pas cessé de réclamer la vérité sur cette affaire. « En accusant ces personnes d’avoir assassiné Boudiaf, vous battez en brèche la théorie de "l’acte isolé", une chose contre laquelle je n’arrête pas de lutter depuis son lâche assassinat », a-t-il écrit.
Et d’ajouter : « avez-vous le courage d’aller au bout de cette conviction pour m’accompagner dans ma demande de rouvrir le dossier de son assassinat ? Vous ne m’en trouverez que très ravi et soulagé de penser que je ne serai pas seul dans le combat pour demander justice pour Boudiaf ».
Il est fort à parier la sollicitation de Nacer Boudiaf ne risque pas de connaitre une suite favorable de la part du président du HCI. Reste maintenant à savoir si la déclaration de ce dernier n’est qu’une digression individuelle mal contrôlée ou, au contraire, s’agit-il là d’une attaque orchestrée, c'est-à-dire d’un énième épisode de l’infinie guerre des clans au pouvoir.
Yacine Ouchikh