Six ans après la révolution, les mouvements sociaux restent vivaces
Six ans après la révolution tunisienne, quel bilan peut-on dresser ? C'est à cette question que le Comité pour le respect des libertés des droits de l'homme en Tunisie (CRLDHT) se propose de répondre, lors d'une rencontre, vendredi soir (3 mars). Invités à cet événement, des membres du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) apporteront leur éclairage sur la question des luttes sociales, bien loin d'être finies de l'autre coté de la Méditerranée.
Toujours en lutte
Si le processus de la révolution a été enclenché six auparavant, les effets de ce long changement continuent de se faire sentir encore aujourd'hui. La Tunisie n'échappe pas aux revendications et autres mouvements sociaux. Dans ce domaine, le FTDES, association créée après la révolution par des militants qui étaient actifs avant la révolution dans le domaine des droits de l'homme et de l'action sociale, fait figure d'autorité : « Les familles de migrants, les réfugiés, les disparus…plusieurs luttes dont on n'entend pas parler. Le FTDES essaie d'encadrer tout ça à travers tout le pays. Le Forum a un observatoire des mouvements sociaux, chaque mois il publie le décompte des mouvements sociaux en Tunisie. Spontanés, comme encadrés » explique Mouhieddine Cherbib, membre du CRLDHT et organisateur de la rencontre « Tunisie : six ans après la révolution ». Créer un front social, telle est l'ambition du FTDES et c'est, en substance, leurs expériences, leurs difficultés et leurs combats que les responsables du forum viendront partager.
Changements ?
« La révolution a été faite sur une base sociale, c'est une revendication sociale. C'est la question du travail, de la dignité et de la liberté bien sûr. On a l'impression que sur la question sociale rien ne s'est passé, il n'y a pas eu d'évolution (…) La question des chômeurs, des diplômés chômeurs, qui étaient acteurs de la révolution, six ans après ils n'ont rien reçu. Les principaux artisans n'ont pas profité de cette révolution » constate amèrement le membre du CRLDHT. Pour autant, Mouhieddine Cherbib ne nie pas les changements effectués, même s'ils s'avèrent encore insuffisants : « Bien sûr des choses ont changé, sur le plan des libertés personne ne peut le contester. Elle est totale, au niveau de l'expression, des manifestations… Mais la traduction matérielle des revendications sociales, on l'attend toujours en Tunisie. C'est ça qui fait mal ». Une révolution est un processus long et la Tunisie a encore du chemin à parcourir…
CH. Célinain