Alger joue à l’équilibriste entre Riyad et Téhéran
Le gouvernement algérien donne l’air d’être assis entre deux chaises : il ne veut pas, du moins publiquement, revenir sur son rapprochement passé avec l’Iran et, en ces temps de crise économique, ne veut surtout pas d’un quelconque couac dans ses chaleureuses retrouvailles avec l’Arabie saoudite.
Et la visite du ministre iranien de la Culture et de la Guidance islamique, Reza Salehi Amiri, les 27 et 28 mars en Algérie et surtout le véhément démenti d’Alger concernant les propos attribués au Premier ministre algérien illustre parfaitement cette position d’équilibriste qu’adoptent les autorités algériennes dans la guerre froide que se livrent Iraniens et Saoudiens.
Pour ne pas courroucer le partenaire saoudien qui a promis des investissements de plus de 10 milliards de dollars, le ministère algérien des Affaires étrangères, par la voix de son porte-parole, a vite fait de porter la contradiction aux medias iraniens qui ont prêté à M. Sellal des propos qu’il n’aurait pas tenu à l’occasion de l’entretien qu’il a accordé au ministre iranien. Dans une déclaration faite hier à l’agence officielle APS, Abdelaziz Benali Cherif, porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères a assuré : « les informations relayées par certains medias iraniens sur le contenu des discussions qui ont eu lieu à l'occasion de l'audience qu'a accordée le Premier ministre au ministre iranien de la Culture et de la Guidance islamique, sont infondées et les déclarations mal rapportées et non conformes à ce qui a réellement été abordé lors de cette rencontre qui avait, essentiellement, porté sur l'intérêt que doivent accorder les deux parties, algérienne et iranienne, aux aspects culturels, dans le but de renforcer les liens d'amitié et de coopération unissant les deux pays ».
Et d’ajouter : « cette rencontre a été l'occasion pour le Premier ministre d'exprimer le souhait de l'Algérie de voir l'Iran jouer un rôle positif dans sa région et constituer un facteur de stabilité et d'équilibre au Proche-Orient et dans le Golfe arabique ». « M. Sellal n'avait pas manqué de mettre en avant la qualité des relations liant l'Algérie à tous les pays arabes dans le Golfe et le Machreq, notamment avec le Royaume d'Arabie Saoudite, pays frère et avait exprimé sa conviction que le dialogue était le seul moyen à même de surmonter les problèmes conjoncturels de l'heure », a précisé encore M. Benali Cherif. Clair, net et précis : Alger ne veut pas se mettre à dos un partenaire aussi important que l’Arabie saoudite pour les beaux yeux des Iraniens. Sans pour autant, intérêts diplomatiques obligent, aller jusqu’à renier ses "amours passés" passés ces derniers.
Yacine Ouchikh