5 ans de mandat du premier député des Français du Maghreb et d’Afrique de l’Ouest

 5 ans de mandat du premier député des Français du Maghreb et d’Afrique de l’Ouest

Pouria Amirshahi à la rencontre des Français de Tunisie dans le cadre de sa tournée maghrébine d’avril 2017. Rached Cherif/LCDA


Quasi inconnu lorsqu'il arrive dans la région, le député de la neuvième circonscription de l’étranger peut se targuer d’avoir été le parlementaire de l’étranger élu avec le meilleur score en 2012 (62 %) et de jouir cinq ans plus tard d’une profonde sympathie de la part de ses électeurs. Fin mars et début avril, ce fils d’immigrés iraniens a tenu à faire une tournée d’adieu en terminant par les trois pays du Maghreb.


 


Les besoins spécifiques des Français de l’étranger


La 9e circonscription de l’étranger, la « neuvième » pour les intimes, regroupe 15 pays d’Afrique du Nord et d’Afrique de l’Ouest. Soit environ 160 000 Français, pour la plupart binationaux. Représenter cette population très hétéroclite et dispersée : telle a été la mission de Pouria Amirshahi, premier député de cette circonscription, élu avec l’étiquette socialiste en 2012.


Cinq ans plus tard, le bilan de ce « bourreau de travail », comme le décrivent certains de ces collaborateurs, est éloquent. Mais, ce que les électeurs retiennent, c’est surtout l’intransigeance avec les principes de celui qui se dit « libre des logiques strictement partisanes ». Un engagement qui l’a poussé à claquer la porte du Parti socialiste début 2016, en plein débat sur la déchéance de nationalité voulue par François Hollande. « Une mesure historiquement proposée par l’extrême droite », rappelle l’élu aujourd’hui sans étiquette.


Le combat qu’il mène avec d’autres parlementaires pour faire retirer cet article de la loi constitutionnelle, qui a « blessé » de nombreux Français, est à l’image de son action en faveur des Français de l’étranger. Il a ainsi soutenu l’action du Mouvement des amoureux au ban public, qui soutient les couples franco-étrangers, trop souvent discriminés par l’administration au nom de la lutte contre les mariages blancs. Il a également œuvré à une meilleure reconnaissance des enfants adoptés par kafala – adoption judiciaire – au Maghreb. Depuis mars 2016, ceux-ci peuvent enfin acquérir la nationalité française de leurs parents adoptifs.


 


Un élu « libre des logiques strictement partisanes »


Élu député des Français de l’étranger, mais siégeant comme député de tous les Français, Pouria Amirshahi n’a pas délaissé les questions franco-françaises. Les décès d’Adama Traoré et de Rémi Fraisse « dans le cadre d’interventions de police » ont mis en lumière les défaillances de la formation des agents. C’est pourquoi il souhaite l’interdiction de certaines armes dangereuses, « comme c’est le cas dans d’autres démocraties ».


Il est également l’un des fervents défenseurs de la création du récépissé de contrôle d’identité, pour lequel il a déposé plusieurs amendements. Tous rejetés par le gouvernement. La lutte contre le « délit de faciès » était pourtant une des promesses du candidat François Hollande. Sur la Francophonie, les droits des chibanis, la migration, la scolarité à l’étranger ou encore l’aide au développement, Pouria Amirshahi a chaque fois fait entendre avec d’autres élus une parole de gauche empreinte de justice et de solidarité.


Rached Cherif