Indignation des collectifs après un drame dans un camp de migrants rue Pajol (18ème)
Un drame est venu amplifier l’indignation des habitants et des collectifs aidant les migrants et réfugiés vivant dans des camps de fortune non-loin du quartier La Chapelle à Paris (18ème). La semaine dernière, un Erythréen, présent depuis plusieurs mois rue Pajol, a tenté de mettre fin à ses jours. Suite à l’intervention d’un riverain, il a été hospitalisé. Trois collectifs, Quartiers Solidaires, Les p’tits dejs à Flandre et Encrages, ne cachent plus leur désarroi et leur colère face à cette situation qui perdure.
Insuffisances ou maltraitance ?
En janvier dernier, le collectif des Petits Dej’ à Flandres dénonçait les brutalités policières dont étaient victimes les migrants et réfugiés dans les camps de fortune à Paris mais également l’insuffisance des infrastructures mises en place pour héberger les migrants et ce malgré l’ouverture du Centre humanitaire de La Chapelle : « Parmi ces personnes à la rue, certaines ont pourtant essayé plusieurs jours de suite d’y avoir accès, sans succès du fait des files d’attente (…) L’effort indéniable fait pour l’accueil de nombreux réfugiés ne peut excuser les insuffisances des dispositifs actuellement mis en place, qui ne sont que l’application par un pays démocratique du Protocole de Genève ».
Brutalités policières, places d’accueil extrêmement limitées, sans oublier que vient s’ajouter à cela une lenteur administrative endémique. Pour le collectif, le désespoir pourrait être en grande partie responsable du geste malheureux de cet Erythréen de la rue Pajol : « Ceux-ci vivent aujourd’hui (et, ce n’est malheureusement pas une nouveauté) une maltraitance administrative qui, de par les délais de traitement des dossiers, de par la saturation des structures, de par l’arbitraire qui préside, donne le sentiment d’avoir avant tout pour but de semer le désespoir et la confusion ».
La responsabilité de l’Etat en question
Le droit d’asile a bien été réformé, cependant les résultats sont loin des espérances des associations et collectifs, mais c’est surtout la politique d’accueil en générale qui demande à être changée, repensée. Pour les collectifs présents au quotidien aux côtés des migrants, les pouvoirs publics ne semblent pas avoir cette volonté :
« Nous avons rencontré nombre d’élus du XVIIIème, du XIXème, du Xème, de la Mairie de Paris, des responsables de maraudes, des acteurs associatifs, des membres d’ONG et nous sommes, quoi qu’il en soit, confrontés au même constat : l’Etat français « bloque » (…) L’Etat ne veut pas se donner les moyens de parvenir à répondre à minima aux attentes de personnes qui demandent refuge (…) En revanche, il sait se donner les moyens pour contraindre, empêcher, réprimer, faire disparaître ! [Reconduite aux frontières, ndlr] ».
A quelques jours, d’un changement de gouvernement et à quelques semaines des élections législatives, il est très peu probable que les politiques mettent enfin les mains dans ce dossier. Cependant, le prochain occupant de l’Elysée ne pourra pas détourner les yeux éternellement…
CH. Célinain